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la colonne s’ébranla. Elle était composée d’un millier d’hommes.

Trente ou quarante combattants s’en détachèrent pour prendre, sous la conduite de M. Lothon, la route du Pont-Neuf. Ils traversèrent la Seine et allèrent déboucher, par la rue Saint-Thomas du Louvre, sur la place du Palais-Royal. Là ils furent accueillis par un feu très-vif et reculèrent. M. Lothon, pour ramener son monde au combat, s’avança tout seul sur la place ; mais il n’avait pas fait vingt pas qu’une balle l’atteignit à la tête, et le renversa évanoui sur le pavé. On ne le releva que long-temps après : son chapeau d’uniforme était criblé de balles.

Un autre élève de l’école, M. Baduel, conduisait aux Tuileries un détachement de vingt-cinq ou trente hommes : un coup de mitraille l’étendit par terre presqu’au pied de l’Arc-de-Triomphe.

Le grand rassemblement duquel ces deux bandes s’étaient détachées, se porta sur la caserne de Babylone, occupée par les Suisses. En approchant de cette caserne, il se divisa en trois colonnes. L’une se présenta par la rue où la façade est située ; l’autre alla droit à la porte d’entrée par une rue qui lui est presque perpendiculaire ; la troisième s’avança par derrière, dans une allée que formaient alors en grande partie des murs de jardin. Cette troisième colonne que commandait M. Charras, et qui était d’environ 200 hommes, ne s’était pas plutôt engagée dans l’allée, que, d’une maison en construction située à droite en entrant, partit une vive fusillade. Trois hommes tombèrent ; cinq tam-