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dait tout par les fenêtres que M. Audry de Puyraveau avait fait ouvrir. Ce ne fut bientôt contre le général Sébastiani qu’un cri de colère. Plusieurs combattants s’étaient élancés dans la cour : ils venaient dire combien la lutte avait été meurtrière. Alors, pénétrés de douleur, MM. de Lafayette, Laffitte, Audry de Puyraveau, de Laborde, s’écrièrent tous qu’il fallait diriger les efforts du peuple, s’associer à ses périls, adopter son étendard. M. Guizot restait silencieux et immobile. M. Méchin laissait percer dans l’expression de son visage son mécontentement et son embarras. Quant à M. Sébastiani, il n’eut pas plutôt entendu parler du drapeau tricolore que, se levant avec les signes de la plus violente anxiété, il déclara que, pour son compte, il ne pouvait prendre part à de semblables discussions, et qu’il n’y avait de drapeau national que le drapeau blanc. Puis, s’adressant à M. Méchin : « Venez-vous, lui dit-il ? » Et ils sortirent. « C’est assez de tant de paroles vaines, dit M. Audry de Puyraveau, il est temps d’agir. Montrons-nous au peuple, et en armes. » De son côté, M. de Lafayette demandait qu’on lui assignât un poste, ajoutant qu’il était résolu à s’y rendre à l’instant même. On se sépara encore une fois sans rien conclure, et en se donnant rendez-vous chez M. Laffitte pour six heures du matin. Mais cette séance pouvait servir à apprécier plus tard certains hommes qu’on vit parmi les triomphateurs.

Lafayette fut accueilli, en sortant, par quelques vives acclamations. L’âge avait affaibli son corps sans glacer son cœur. Ivre d’ailleurs de popularité, il était prêt au sacrifice de sa vie. Mais son ardeur était