Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

patrons à la roture du chef, les formules seront plus serviles, l’étiquette plus dégradante qu’elles ne le furent jamais sous les successeurs d’Hugues Capet. Là, tous les mouvements seront réglés conformément au rituel monarchique : le nombre des révérences dues à chacune de leurs majestés sera sévèrement déterminé. Comme tout cela est petit et misérable ! Et pourtant qui oserait refuser à Napoléon le sentiment de la véritable grandeur ? Combien de fois ne le vit-on pas monter en quelque sorte, par la majesté de ses manières, de sa pensée, de son langage, dans les plus hautes régions de l’épopée ? Mais, empereur, il fut dominé, asservi par le principe en vertu duquel il s’était assis sur un trône. Or, il aurait fallu ou détruire la puissance de la bourgeoisie, ou ménager ses répugnances.

D’ailleurs, pour accomplir son rôle historique, Napoléon avait besoin d’être tout à la fois despote et guerrier. Et la bourgeoisie ne pouvait se développer qu’à la double condition d’avoir la paix et d’être libre.

La paix ! Napoléon l’aurait voulue, mais glorieuse et forte. Lorsqu’au mois de novembre 1813, M. de Saint-Aignan lui apporta telles que les alliés venaient de les poser à Francfort, les bases d’une pacification générale, est-ce qu’il ne consentit pas à faire taire son orgueil ? Elles étaient dures, pourtant, les conditions qu’on lui faisait ! Abandonner l’Espagne, la Hollande, l’Italie, l’Allemagne, c’était bien laisser