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1830, le National, journal crée dans l’intérêt de la maison d’Orléans : « Un journal qui n’a pas toute la confiance du ministère, mais qui partage tous ses sentiments, s’écrie à propos d’une opinion exprimée par nous ces jours passés : « On ne veut point de sabots ni de piques, mais on veut bien des patentes. Quoi ! les patentes sont au-dessus des sabots ! Y pense-t-on ? » Voilà ce qui caractérise, bien mieux encore que la petite histoire de l’orateur-charbonnier, la situation désespérée de nos contre-révolutionnaires. Quand on s’est mis en opposition avec l’esprit public dans un pays, quand on ne peut s’entende ni avec les chambres qui le représentent légalement, ni avec les organes tout aussi légaux que lui fournit la presse, ni avec la magistrature indépendante qui relève de la loi seule, il faut bien trouver dans la nation une autre nation que celle qui lit les journaux, qui s’anime aux débats des chambres, qui dispose des capitaux, commande l’industrie et possède le sol. Il faut descendre dans ces couches inférieures de la population où l’on ne rencontre plus d’opinion, où se trouve à peine quelque discernement politique, et où fourmillent par milliers des êtres bons, droits, simples, mais faciles à tromper et à exaspérer, qui vivent au jour le jour, et, luttant à toutes les heures de leur vie contre le besoin, n’ont ni le temps, ni le repos de corps et d’esprit nécessaire pour pouvoir songer quelquefois à la manière dont se gouvernent les affaires du pays. Voilà la nation dont il plairait à nos contre-révolutionnaires d’entourer la couronne. Et, en