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litique du ministère Polignac n’avait pas manqué de vigueur, ses vues, lorsqu’il fut question de mettre à profit la conquête, manquèrent complètement de hardiesse et de portée. D’après l’opinion qui semblait prévaloir dans le conseil, on se serait borné à raser la ville d’Alger, à occuper Oran comme position militaire, et Bone comme position commerciale. Aussi M. de Bourmont avait-il l’ordre de se renfermer proprement dans Alger. Son expédition sur Blida passait les limites de sa mission : considérée à la cour comme un envahissement de l’esprit militaire, elle y fut désapprouvée. De conquérants de l’Afrique, nous devenions en quelque sorte concierges de Méditerranée. La puissance des moyens disparaissait dans l’inanité du résultat. Mais la piraterie abolie et la chrétienté délivrée d’un tribut honteux suffisaient pour la satisfaction de Charles X, sa dévotion n’ayant pas besoin de la conquête d’un monde.

Cependant des rumeurs sourdes commençaient à se répandre. Était-il vrai qu’un charbonnier, parlant au nom des forts de la halle et des ouvriers du port, eût dit au roi : « Sire, le charbonnier est maître chez lui ; soyez maître chez vous » ? Les courtisans l’affirmèrent, et commentèrent le mot avec emphase, tandis que les écrivains de la bourgeoisie, tout en le niant, insistaient sur l’abrutissement des classes ouvrières, sur le danger de leur alliance, et dénonçaient avec emportement ce qu’il y avait d’artificieux dans les allures démagogiques de la royauté.

Voici, par exemple, ce que publiait le 22 juillet