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Mais non. Il ne fut pas donné à Napoléon lui-même d’être empereur à sa manière. Il lui fallut des mousquetaires sous le nom d’aides-de-camp, des hérauts d’armes à blason, des voitures armoriées, une étiquette bien puérile, des généraux-ducs, des héros-barons, de grands-hommes-princes. Il avait tellement peur que son génie ne parut trop roturier, qu’il octroya des lettres d’anoblissement à chacune de ses victoires. La journée de Wagram lui donna pour épouse la fille d’un monarque qu’il avait pu faire attendre dans son antichambre et lui, ancien sous-lieutenant, beau-frère d’un ancien valet d’écurie, il s’en allait tout fier d’être le mari d’une archiduchesse trouvée, pour ainsi dire, dans les bagages d’une armée en déroute. Mais quand un fils naquit à cet homme sorti du peuple, ce fut bien autre chose, vraiment ! Voici que le bambin est créé roi de Rome ; une maison des enfants de France est instituée, et c’est une comtesse une vraie comtesse, qui devient gouvernante de cet enfant de France. Maintenant, gardez-vous de contempler avec dédain ce trône que n’honorait pas suffisamment, j’imagine, le génie d’un parvenu autour de ce trône se rangent, pour le couvrir de leur splendeur historique, les de Croï, les Just de Noailles, les Albert de Brancas, les de Montmorency, tous ceux enfin que recommande la possession immaculée de vieux parchemins échappés aux vers. Du reste, dans les Tuileries, envahies par cette cohue de nobles donnés pour