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surait-on, dans les environs d’Alger, on n’y trouverait pas de bois pour les fascines ; l’armée serait détruite sans avoir même pu combattre. Il y avait alors à Paris un homme qui, fait jadis prisonnier par les Algériens, avait été forcé de vivre quelque temps à bord d’un corsaire, où il remplissait les fonctions d’interprète. C’était M. Arago. Le ministre de la guerre l’interrogea, et il répondit que les environs d’Alger fourniraient de l’eau et du bois en abondance.

Mais, de leur côté, les amiraux déclaraient le débarquement impossible, et irritaient sans la déconcerter, l’inexpérience du ministre de la marine.

Poussé à bout, le baron d’Haussez résolut de consulter deux capitaines de vaisseau qui, employés au blocus d’Alger, étaient en état de donner sur la question des renseignements exacts. Mandés par lui, MM. Gay de Taradel et Dupetit-Thouars affirmèrent que le débarquement était, non-seulement praticable, mais facile ; et, appuyé sur leur opinion, M. d’Haussez convoqua les amiraux.

M. Roussin était le seul d’entre eux qui ne se fût pas encore prononcé bien nettement. Quand son tour vint de s’expliquer, il se rangea de l’avis de ses collègues, et combattit sous le rapport maritime le projet de l’expédition. Alors, tirant un papier de sa poche : « Je regrette, Monsieur, dit le ministre de la marine, que telles soient vos convictions ; car je tiens dans mes mains le brevet qui vous créait vice-amiral et vous donnait le commandement de la flotte. » En disant ces mots, le baron d’Haussez mit le papier en lambeaux. Sa résolution était irré-