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Cette dépêche était rédigée avec une obscurité soigneusement calculée. Après avoir dit que l’expédition avait eu d’abord pour but de venger l’injure faite à la France, M. de Polignac parlait du développement plus étendu que les événements avaient ensuite donné aux projets du roi.

Mais que signifiaient ces paroles ambiguës ? Lord Stuart fut chargé par le comte d’Aberdeen d’obtenir une réponse moins vague.

Ces instructions, datées du 3 mai provoquèrent une seconde dépêche, qui répondait en ces tetmes aux pressantes instances de l’Angleterre :

« Le roi, ne bornant plus ses desseins à obtenir la réparation des griefs particuliers de la France, a résolu de faire tourner au profit de la chrétienté toute entière l’expédition dont il ordonnait les préparatifs ; et il a adopté pour but et pour prix de ses efforts la destruction définitive de la piraterie ; l’abolition absolue de l’esclavage des chrétiens ; l’abolition du tribut que les puissances chrétiennes paient à la régence. »

Une autre dépêche, en date du 12 mai, portait que le roi ne poserait les armes qu’après avoir atteint le double but qu’il s’était proposé : savoir, le redressement des griefs, cause immédiate des hostilités ; et, en second lieu, le triomphe des intérêts communs à toute la chrétienté. Mais la France se proposait-elle d’occuper Alger à son profit et de s’y établir ? Voilà ce que l’Angleterre désirait surtout connaître ; et, sur ce point, le cabinet des Tuileries se r’enfermait dans une réserve absolue.

L’attitude des ministres français causa une irrita-