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implacable qui poursuit au pouvoir les hommes les plus considérables et les plus considérés aussitôt qu’ils ont été honorés du choix de la couronne ? » Cette rude franchise ne déplût pas à Charles X. L’idée d’une dissolution immédiate fut abandonnée. Mais les choses en étaient à ce point que Charles X ne pouvait plus que se réfugier dans la dictature.

Eh ! quelle autre issue restait à la monarchie ? Était-il permis à Charles X d’oublier la leçon que semblait lui donner le monument funèbre élevé en face de son palais ? Les concessions avaient-elles sauvé Louis XVI ? Se voyant menacé, lui aussi, il s’était mis à reculer, il avait reculé jusqu’à la place Louis XV ; et, arrivé là, ne pouvant aller plus loin, il s’était arrêté sous la main du bourreau.

Charles X aurait pu abdiquer, il aurait pu déclarer la royauté abolie en France ; mais quel autre genre de modération lui était permis ? Les concessions n’auraient fait que le conduire plus tard à l’alternative d’abdiquer ou de s’imposer.

N’importe. Sacrifier la nation à ce duel obstiné entre deux pouvoirs inconciliables, marcher au renversement de tous les principes conquis par tant d’années de révolutions, sans autre excuse que l’impossibilité de maintenir la royauté contre la force des choses, c’était un crime envers le peuple et envers Dieu.

Que si Charles X croyait sincèrement à son droit, en couvrant sa couronne de son audace, il lui manqua toujours, pour échappera la condamnation de l’histoire, d’avoir personnellement appelé sur sa tête les dangers de la révolution qu’il préparait. Ne vou-