Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

insinuations que la malveillance cherche à propager. Si de coupables manœuvres suscitaient à mon pouvoir des obstacles que je ne dois pas, que je ne veux pas prévoir, je trouverais la force de les surmonter dans ma résolution de maintenir la paix publique, dans la juste confiance des Français et dans l’amour qu’ils ont toujours montré pour leur roi. » Et l’assemblée répondait dans une adresse signée par 221 de ses membres : « La Charte a fait du concours permanent des vues politiques de votre gouvernement avec les vœux de votre peuple la condition indispensable de la marche régulière des affaires publiques. Sire, notre loyauté, notre dévouement, nous condamnent à vous dire que ce concours n’existe pas. »

La chambre fut prorogée.

Il avait d’abord été question de la dissoudre immédiatement. C’était l’avis de M. de Montbel, qui aurait désiré que l’ordonnance de dissolution fut suivie d’une proclamation adressée du roi aux électeurs. Cette opinion fut vivement combattue par M. de Guernon-Ranville. Il représenta qu’en faisant ainsi descendre le roi lui-même dans l’arène des partis, en compromettrait gravement la majesté de la couronne, et qu’une défaite, dans ce cas, serait un ébranlement du principe monarchique. M. de Montbel avait paru compter beaucoup sur l’affection des Français pour Charles X : M. de Guernon-Ranville n’hésita pas à déclarer, en présence du monarque, que son collègue, sous ce rapport, était dans une erreur profonde. « Les Français ont cessé d’aimer leurs rois, disait-il. Ne le voyez-vous pas à cette haine