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France, que de variations dans la politique ! Que de changements ! Que de secousses ! Que de modifications inattendues violemment introduites dans le pouvoir ! Et pourtant, la bourgeoisie, en 1815, reparaît sur la scène, prête à continuer l’œuvre à peine interrompue de 89.

Dans un livre qui doit se lier à celui que je publie en ce moment, et qui servira à l’expliquer, j’ai dit comment la bourgeoisie s’était développée en France. Je l’ai représentée arrivant à la jouissance de la liberté civile par les communes, à l’indépendance religieuse par le parlement, à la richesse par les jurandes et les maîtrises, à la puissance politique par les états-généraux. C’est à cette dernière phase de son développement que se rapporte la Restauration, pendant laquelle se sont préparés les éléments d’un nouveau règne.

Je me bornerai donc ici à montrer :

1o Que la chute de l’Empire et l’avènement de Louis XVIII étaient dans l’intérêt et ont été le fait de la bourgeoisie ;

2o Que tous les mouvements politiques de la Restauration sont nés des efforts tentés par la bourgeoisie pour asservir la royauté sans la détruire[1].

  1. Par bourgeoisie j’entends l’ensemble des citoyens qui, possédant des instruments de travail ou un capital, travaillent avec des ressources qui leur sont propres, et ne dépendent d’autrui que dans une certaine mesure. Le peuple est l’ensemble des citoyens qui, ne possédant pas de capital, dépendent d’autrui complétement, et en ce qui touche aux premières nécessités de la vie.