Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

permanent des vues politiques de votre gouvernement avec les vœux de votre peuple, la condition indispensable de la marche régulière des affaires publiques. Sire, notre loyauté, notre dévouement nous condamnent à vous dire que ce concours n’existe pas. »

La chambre fut dissoute : elle ne devait plus être ramenée sur la scène qu’à travers des barricades, au bruit des cloches sonnant des funérailles inconnues, et par des enfants du peuple couverts de vêtements souillés. Puis, on devait recommencer l’expérience, au risque de faire de nouveau pleurer les mères de ceux qui se dévouent, les mères des pauvres !

Des pauvres, ai-je dit ? et c’est la première fois que je prononce ce mot. C’est qu’en effet il ne s’était pas agi d’eux dans ces débats de quinze années. Triomphes de l’opposition, défaites ou victoires de la cour, résistances de la royauté, qu’aviez-vous dont le peuple pût, avec raison, s’attrister ou se réjouir ? On avait fait beaucoup de bruit au-dessus de sa tête : pourquoi ? On avait marché à la conquête de la liberté d’écrire : était-ce pour lui qui n’écrivait pas ? Nobles et riches s’étaient disputé le droit électoral : était-ce pour lui qui vivait au jour le jour ? Dans cette tribune qu’avait si long-temps fatiguée la parole des factions, quelles voix avaient retenti pour que le salaire du pauvre fût augmenté, ou pour qu’on diminuât son labeur ? Dans ces discussions financières, aliments des haines de parti, avait-on