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Il est vrai que la chambre fut dissoute, et qu’une chambre nouvelle fut appelée à voter la septennalité. Mais sous l’empire de la loi du double vote et dans l’exaltation produite par le succès de la guerre d’Espagne, l’assemblée ne pouvait être qu’ultra-féodale. C’est ce qui arriva. Le régime constitutionnel disparaissait pour faire place à un gouvernement oligarchique, gouvernement qui, n’ayant pas de racines dans la société, devait bien vite s’user par ses excès, mais après avoir asservi la royauté, et l’avoir mise à jamais hors d’état de se relever.

Je ne sais si M. de Villèle avait prévu ce résultat, ou si, l’ayant prévu, il s’en serait beaucoup préoccupé. M. de Villèle n’avait que le génie des petites choses. C’était l’homme d’affaires de la monarchie. Régler des comptes, préparer des budgets, régenter les banquiers, gouverner les orages de la bourse, il suffisait à tout cela, avec une facilité merveilleuse. Et M. de Chateaubriand, sous ce rapport, n’était pas pour lui un collègue incommode. Car la petite politique embarrassait M. de Chateaubriand, et il avait ce genre d’incapacité que crée l’habitude des hautes pensées. Mais sa réputation littéraire, le faste de ses manières, la somptuosité de sa vie, son influence sur la partie élégante de la nation, tout, jusqu’à l’éclat de sa paresse de poète et de gentilhomme, offusquait M. de Villèle. M. de Chateaubriand allait un jour prendre la parole, dans la