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dans une conversation qui avait eu lieu devant un agent du gouvernement, M. Feisthamel avait demandé à M. Sofréon si le général Berton n’était pas connu de lui. La réponse affirmative de M. Sofréon avait éveillé les plus vives inquiétudes ; de là le départ précipité des troupes formant le dépôt colonial. Le commandant de l’île d’Aix fit brûler sous ses yeux l’uniforme qu’avaient apporté les trois conjurés, et leur fournit une barque qui les transporta rapidement à Rochefort. Les tentatives des conspirateurs venaient d’être encore une fois déjouées.

On connaît la suite. La charbonnerie ne fit plus, depuis, que se traîner dans le sang de ses martyrs. Le gouvernement organisa contre elle un vaste et hideux système de provocations. Berton, cœur indomptable, avait refusé l’hospitalité qui l’attendait sur une terre étrangère. Il rentre dans la lice, et trahi par Wolfel, il meurt sans s’étonner, sans se plaindre, et comme un homme depuis long-temps convaincu que sa vie appartient au bourreau. Parmi ses compagnons d’infortune, deux demandent grâce ; mais Saugé pousse sur l’échafaud le cri de vive la république, comme une prophétie vengeresse ; et Caffé, prévenant ses ennemis, s’ouvre les veines et meurt à la manière antique. Quelque temps après l’arrestation de Berton, un lieutenant-colonel, qui a conçu le généreux espoir de sauver les accusés de Béfort, l’infortuné Caron, se laisse conduire à un