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pôt colonial établi à l’île d’Oléron et qu’il avait été chargé de conduire au Sénégal. Le chef du dépôt lui-même s’était prêté aux confidences de M. Sofréon, et l’on comptait sinon sur l’appui de M. Feisthamel, au moins sur sa neutralité. On s’agitait aussi à Nantes, et le général Berton se préparait à marcher sur Saumur.

M. Flotard, qui allait quitter La Rochelle, dînait un jour à table d’hôte à l’hôtel des ambassadeurs, lorsqu’une conversation s’engagea devant lui sur les choses du moment, entre deux militaires qu’il ne connaissait pas. « Ce fou de Berton ! disait l’un d’eux, il se croit fort en sûreté, il s’imagine conspirer dans l’ombre ; or, le général Despinois est instruit heure par heure de ses démarches, et s’apprête à le faire fusiller à la première occasion. » Vivement ému, M. Flotard partit aussitôt pour Nantes, et ne prit la route de Paris qu’après avoir averti le général Berton, et l’avoir dissuadé fortement de son dessein. L’expédition sur Saumur eut lieu cependant ; elle échoua comme on devait s’y attendre, et Berton fut obligé de fuir d’asile en asile.

Il y avait un vice radical dans la charbonnerie. La fougue des fondateurs et la timidité des hommes notables qu’ils s’étaient associés se faisaient perpétuellement obstacle. D un autre côté, M. de Lafayette s’était livré sans réserve aux jeunes gens qu’il croyait dominer, et par qui, au contraire, il était dominé