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rapide moyen de propagande. Le président de la vente militaire, forcé de quitter une ville, recevait la moitié d’une pièce de métal, dont l’autre moitié était envoyée dans la ville où se rendait le régiment, un membre de haute-vente ou de vente centrale. Grâce à ce mode de communication et de reconnaissance, insaisissable pour la police, les soldats, admis dans la charbonnerie, en devenaient les commis-voyageurs et emportaient pour ainsi dire la conspiration dans leurs gibernes.

Cependant, l’heure d’éclater était venue : on le pensait du moins. Le personnel de la vente suprême s’étant accru plus qu’il ne convenait, on y créa un comité d’action spécialement chargé de tous les préparatifs du combat, mais auquel il fut interdit de prendre, sans l’assentiment de la vente suprême, une résolution définitive. Ce comité déploya une activité extraordinaire. Trente-six jeunes gens reçurent l’ordre de partir pour Béfort, où devait être donné le signal de l’insurrection. Ils partirent sans hésitation, quoique bien convaincus qu’ils marchaient à la mort. L’un d’eux ne pouvait quitter Paris sans fuir une affaire d’honneur : il n’hésita pas plus que ses camarades, en ajournant un duel pour des combats plus sérieux, et sacrifiant à un devoir patriotique jusqu’à cette réputation de bravoure si chère à de nobles âmes. À mesure que l’heure suprême approchait, les conspirateurs se montraient plus confiants : sur la route de Paris à Béfort, la Mar-