Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se réduisaient à ceci : Attendu que force n’est pas droit, et que les Bourbons ont été ramenés par l’étranger, les charbonniers s’associent pour rendre à la nation française le libre exercice du droit qu’elle a de choisir le gouvernement qui lui convient. C’était décréter la souveraineté nationale, sans la définir. Mais plus la formule était vague, mieux elle répondait à la diversité des ressentiments et des haines. On allait donc conspirer sur une échelle immense, avec une immense ardeur, et cela sans idée d’avenir, sans études préalables, au gré de toutes les passions capricieuses !

Mais si la charbonnerie était un jeu puéril comme principe, elle fut comme organisation quelque chose de puissant et de merveilleux. Triste condition, des hommes ! leur force éclate dans les moyens, et leur faiblesse dans le résultat.

Il fut convenu qu’autour d’une association mère, appelée la haute vente, on formerait, sous le nom de ventes centrales, d’autres associations, au-dessous desquelles agiraient des ventes particulières. Le nombre des membres fut fixé à vingt par association, pour échapper au Code pénal. La haute vente fut originairement composée des sept fondateurs de la charbonnerie : Bazard, Flotard, Buchez, Dugied, Carriol, Joubert et Limpérani. Elle se recrutait elle-même.

Pour former les ventes centrales on adopta le mode suivant : deux membres de la haute vente s’adjoignaient un tiers sans lui faire confidence de leur