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chambre des députés, au milieu de l’anxiété la plus vive ; et, quoique fort souffrant, M. de Chauvelin s’était fait transporter au Palais-Bourbon dans un appareil propre à frapper les imaginations. Applaudi par les uns, il fut injurié par les autres. L’occasion était favorable pour exciter le peuple : la Loge des Amis de la Vérité s’en empare ; les membres qui la composent se répandent dans la capitale pour y soufler l’esprit qui les anime : les écoles s’ébranlent, et des groupes nombreux d’étudiants viennent se former au tour du palais des délibérations, en criant Vive la charte ! De leur côté, des militaires, appartenant au parti féodal et vêtus en bourgeois pour la plupart, accourent armés de cannes. Il y eut une rixe, des désordres ; un jeune homme fut tué. Qui ne se rappelle l’impression produite dans Paris par la mort de Lallemand. On lui devait des obsèques touchantes, on les rendit pompeuses. Les troubles se prolongèrent. Toute la garnison fut sur pied. On vit rouler le long des boulevards une foule grondante de jeunes gens auxquels se mêlèrent, dans la rue Saint-Antoine, tous ces ouvriers que la misère tient sans cesse à la disposition de l’imprévu. Ce qui serait arrivé, nul ne le peut dire, si la pluie, qui tombait par torrents, ne fut venue en aide aux charges de cavalerie. Le trouble n’était pas moins grand dans la chambre. Le père de l’infortuné Lallemand avait écrit une lettre pour venger la mémoire de son fils, que quelques feuilles de la cour