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3°. Faire voir par la nécessité d’instruire séparément les enfans des deux sexes, la nécessité des Instituts de Maitres pour les garçons, & de Maîtresses pour les filles. 4°. Montrer par la Doctrine & les exemples des Saints, l’estime qu’on doit faire de l’état des Maîtres & des Maîtresses d’Ecoles Chrétiennes, & le zéle qu’on doit avoir de les multiplier. 5°. Réfuter toutes Les objections qu’on peut former contre ces sortes d’Instituts.

CHAPITRE PREMIER.

L’importance de l’Institut des Freres & des Sœurs des Ecoles Chrétiennes, prise de l’importance d’enseigner & de sçavoir la Doctrine Chrétienne.


II.
Premiere preuve de l’importance des Instituts des Freres & des sœurs des Ecoles charitables, prise de la nécessité de sçavoir & d’enseigner la Doctrine Chrétienne.


AUtant qu’il est nécessaire au salut de sçavoir la Doctrine Chrétienne, autant l’institution des Maîtres & des Maîtresses propres à l’enseigner gratuitement, devient-elle importante & nécessaire à l’Eglise, au défaut de ses Ministres qui ne veulent pas, ou qui ne peuvent pas accorder à cette auguste Fonction, tout le tems qu’elle demande.

La seconde partie de cette proposition est si liée avec la première, que la preuve de l’une, fait la démonstration de l’autre. Ainsi en exposant l’obligation de sçavoir la Doctrine Chrétienne, on fait sentir l’importance de l’institution des Maîtres & des Maitresses des Ecoles charitables.

Mais est-il besoin d’entrer en preuve sur une vérité si claire ? Peut-il être indifférent de sçavoir, ou d’ignorer la Docttrine que Jesus-Christ nous a enseignée ? Peut-il être arbitraire de s’instruire, ou de ne pas s’instruire, de ce qui regarde Dieu, ses perfections, ses ouvrages, ses bienfaits, ses Mysteres, ses promesses, ses menaces, sa Loi, ses Sacremens, & l’œconomie de nôtre Rédemption ? Peut-on, sans conséquence, négliger la science du salut, les véritez révélées, les moyens d’acquérir la vie éternelle, la connoissance de ce qui doit nous arriver dans un autre monde, & ce que nous avons à craindre & à esperer dans le siécle à venir ?

Ce qui montre combien il est nécessaire de sçavoir & d’enseigner la Doctrine Chrétienne, c’est que 1. Le Fils de Dieu lui-même s’est chargé de l’enseigner. Math. 9. 35.

La Doctrine Chrétienne est de telle importance, que le Fils de Dieu humanisé s’est chargé de l’enseigner lui-même. Il a employé dans ce divin exercice les années de sa vie publique. Circuibat Jesus omnes civitates & castella docens in Sinagogiseorum & prædicans Evangelium regni. Il alloit à pied de Ville en Ville, de Village en Village, pour instruire, pour catéchiser, pour enseigner avec une simplicité sans exemple, sa celeste Doctrine. S’il marquoit tous ses pas par quelques offices de charité ; s’il arrosoit de ses larmes, ou de ses sueurs les endroits par où il passoit ; s’il laissoit sur tous ses vestiges des effets de sa Toute-Puissance, c’étoit pour autoriser sa Doctrine & la faire recevoir. Les Miracles étoient les témoignages que le Ciel rendoit pour l’accréditer, & disposer les peuples à l’écouter & à l’embrasser. Si non vultis mibi credere ; operibus credite, disoit-il aux Juifs qui le contredisoient.

Les enfans, comme les autres, étoient les objets de son zéle. Laissez-les venir à moi, disoit-il à ses Disciples, & ne les empêchez point de m’aprocher, car le Royaume des Cieux leur apartient. (Math. 19. 14.) Sa bonté à l’égard des petits étoit si publique, que les parens au raport de saint Marc. (10. v. 13. 14.) lui amenoient leurs enfans pour qu’il les touchât. Les Disciples voulant les en empêcher, ce doux Sauveur le trouva mauvais, & leur dit : Laissez les petits venir à moi & ne les en em-