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Les gens avisés

— « Ici, Mouret. Viens, que j’attache dans les poils de ton poitrail cette vessie, pleine de sang de poule. Écoute. J’attends deux canailles de maquignons. Quand ils seront là, tu feras semblant d’être enragé. Je t’empoignerai par la peau du cou, et je ferai semblant de te saigner, en crevant, avec ce couteau, la vessie, pleine de sang de poule. Aussitôt, tu feras le mort, pour te relever dès que j’aurai dit :

« Couteau à manche noir, couteau à manche blanc.
Relève mon chien promptement[1]. »

Mouret fit signe qu’il avait compris.

À midi juste, les deux canailles de maquignons étaient devant la maison de Petiton. Le jeune homme les attendait, son bon bâton de chêne à portée de la main. Ceci refroidit un peu les visiteurs.

— « Bonjour, mes amis. Eh bien ! Êtes-vous contents de votre bélier ?

— Ah ! brigand ! Ah ! canaille !

— Calmez-vous, braves gens. Sinon, gare à mon bon bâton de chêne. Écoutez. Vous m’avez dupé. Je vous l’ai rendu. « À qui te le fait, fais-le-lui[2]. » Nous voilà quittes. Je ne crains

  1. Ces deux lignes, qui riment par assonance, sont en français dans le conte agenais.
  2. Qui te fai, fai-li. Rends la pareille. Proverbe agenais.