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AVENTURES PÉRILLEUSES


salle. La table était mise, et le pain, le vin et la viande n’y manquaient pas.

Le Bâtard s’attabla donc, et but et mangea jusqu’à ce qu’il fût repu. Alors, il s’alla coucher dans un bon lit, en prenant garde de laisser brûler la lumière, et de poser à son côté la vieille épée de chevalier maltais qu’il avait trouvée, la nuit de la Toussaint, derrière l’autel de l’église de La Roumiouac.

Le dernier coup de minuit sonné, le Bâtard regarda dans la chambre. Elle était pleine de petites créatures, qui étaient venues on ne sait comment, et qui demeuraient en repos, sans même remuer les lèvres ni les yeux. Tout à coup, il se fit un grand bruit dans la cheminée.

— « Bâtard, tomberons-nous, ou ne tomberons-nous pas ?

— Tombez, si vous voulez. Ne tombez pas, si cela vous plaît. Je m’en fous comme de vous. Tâchez seulement de me laisser dormir en paix. »

Le Bâtard n’avait pas fini de parler, que cinq jambes gauches tombèrent de la cheminée dans la chambre. Les cinq jambes gauches dansaient en chantant :

— « Dansons le lundi. Dansons le lundi[1]. »

  1. Dans le conte gascon, le chant des fantômes et celui du Bâtard sont toujours en français.