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AVENTURES PÉRILLEUSES


volait aussi vite que le vent. Le grand aigle vint se jucher à la cime du vieux chêne.

— « Bâtard, Bâtard, le bien nommé, écoute, écoute. Ta mère est morte, et tu ne la verras jamais, jamais. Elle est morte, après avoir longtemps pleuré son péché. Maintenant, elle est avec le Bon Dieu. Ton père est le roi de France, et la preuve de ce que je te dis est écrite dans ta bouche. Si, avant le moment manqué, tu viens à montrer ta langue à tout autre qu’à ton père, qui doit la voir le premier, le fils du roi de France et sa mère le sauront, et ils te feront mourir. Quand il sera temps de faire ta première communion, attends de trouver un prêtre mort, qui te confessera, qui te donnera l’hostie, et qui ne pourra dire à personne ce qu’il aura vu et entendu. Si tu fais ce que je te commande, tu seras roi après ton père. Mais tu n’es pas à la fin de tes épreuves, et rien ne te sera donné que tu ne l’aies cent fois gagné. »

Alors, le grand aigle repartit, en criant, du côté de la Montagne, et il ne revint jamais, jamais.

Depuis ce moment, le Bâtard songea nuit et jour à ce qu’il avait vu et entendu. Jamais le curé de la paroisse ne put le décider à faire sa première communion. Pourtant le Bâtard était bien vu de tout le monde, car il était dévot comme un prêtre,