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LES BELLES PERSÉCUTÉES


— Merci, maître. Merci, mesdames. »

Le lendemain, les deux filles aînées appelèrent chacune son mari, et s’en allèrent trouver le roi.

« — Père, vous n’êtes plus ici chez vous. La partie droite de ce château appartient à votre fille aînée, et la gauche à la cadette. Allez-vous-en.

— Méchantes filles, vous me payez mal tout le bien que je vous ai fait. M’en aller, je ne veux pas. Le papier du notaire me donne droit, pendant toute ma vie, d’aller vivre six mois chez ma fille aînée, et six mois chez la cadette.

— « Parle papier. Tais-toi langue[1]. » — Le notaire n’a pas marqué cela sur son papier.

— Le notaire est aussi canaille que vous.

— Allons, leste ! Dehors, ou gare les chiens. »

Le pauvre roi sortit du château. Sur le pas de la porte, il rencontra le valet.

— « Où allez-vous, maître ?

— Je m’en vais à la volonté de Dieu. Ce château n’est plus le mien. Mes filles et mes gendres m’en ont chassé. Valet, pourquoi m’as-tu si mal conseillé, quand je voulais partager ma terre entre mes filles ?

— Maître, je vous ai dit : « Éprouvez-les. » Vous avez cru aux paroles qui sont des femelles,

  1. En gascon : Parlo papè : Caro-te lengo. Proverbe gascon, usité quand on invoque des actes écrits.