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LES BELLES PERSÉCUTÉES


— « Quand mes frères seront riches, ils reviendront me chercher, et ils me marieront à mon gré. »

Tandis que la Belle Jeanneton pensait ainsi, ses frères servaient à la guerre, dans l’armée du Fils du Roi de France. Jamais on n’a vu, jamais on ne verra deux hommes si forts et si hardis. Aussi, le Fils du Roi de France ne pouvait-il plus vivre sans eux. Pourtant, ils n’oubliaient pas leur petite sœur. Sept fois par jour, ils embrassaient sa statuette ressemblante.

— « Mes amis, dit un jour le Fils du Roi de France, quelle est donc cette statuette que vous embrassez ainsi sept fois par jour ?

— Fils du Roi de France, c’est la statuette de notre petite sœur, la statuette de la Belle Jeanneton. Quand elle se peigne, le blé tombe de ses cheveux par boisseaux. Quand elle se lave les mains, les doubles louis d’or et les quadruples d’Espagne tombent de ses doigts par douzaines.

— Mes amis, écoutez. La guerre est finie. Partez vite, chercher la Belle Jeanneton. Demain, je vous attends dans mon château, sur le bord de la mer. Si vous m’avez dit vrai, j’épouse votre sœur. Si vous m’avez menti, je vous fais enfermer dans un cachot noir. Je vous fais briser la tête sous une pierre ; et vous pourrirez, rongés des vers et des rats.