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CHÂTIMENTS


Dans la chambre, cent cierges brûlaient. Neuf prêtres chantaient au pied du lit, neuf prêtres, en ornements blancs et noirs.

Le roi était mort.

Alors, le fils du roi s’agenouilla, et pria Dieu.

Les neuf prêtres partis, il se tourna vers sa mère.

— « Sortez, ma mère, ma pauvre mère. Jusqu’à l’heure de l’enterrement, je veux garder seul le corps de mon père. Ma mère, ma pauvre mère, envoyez-moi un beau linceul de lin, pour l’ensevelir. Envoyez-moi une aiguille d’or et un écheveau de soie, pour coudre le beau linceul de lin. Faites que tout soit prêt, à l’heure marquée, la bière, les porteurs, les prêtres, les cierges et les draps[1], les aumônes, et le dîner des Noces tristes[2]. Sortez, ma mère, ma pauvre mère. »

Encore une fois, la reine regarda son mari mort, et sortit.

  1. En Gascogne, les pauvres, porteurs de cierges, et rangés, dans les enterrements, de chaque côté de la bière, marchent chacun enveloppé d’un coupon de bure, que la famille du mort leur abandonne, pour payer leur présence à la cérémonie funèbre.
  2. Nos paysans gascons nomment ainsi le repas offert, en revenant du cimetière, à ceux qui sont venus de loin assister aux funérailles. Aux Noces tristes, on ne sert pas de rôti. Le repas fini, les convives s’agenouillent, et prient Dieu, la face tournée vers la chambre mortuaire.