Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
80
CHÂTIMENTS


— « Ce n’est pas vrai. Prouve-le-moi. »

En ce moment, l’Oisillon qui dit tout vint se poser sur la plus haute branche d’un arbre planté au beau milieu de la grand’place.

L’Oisillon qui dit tout chantait :

— « Riou chiou chiou. — La reine a fait deux jumeaux, un garçon et une fille, qui ont des chaînes d’or entre peau et chair. — Riou chiou chiou. — La reine a mandé un messager au roi, pour lui porter la nouvelle. — Riou chiou chiou. — La mère du roi a dit au messager : « Tu diras au roi : — La reine a fait un chien et un chat. » — Riou chiou chiou. Le roi a répondu : « Chien et chat, — que tout soit gardé. » — Riou chiou chiou. — La reine a donné cent pistoles au messager pour dire : « L’ordre du roi est tel : — Fille ou garçon, — que tout soit noyé. »

— « Mère, vous le voyez. L’Oisillon qui dit tout vous accuse. »

La mère du roi se tut. L’Oisillon qui dit tout s’envola, et il ne revint jamais, jamais.

Alors, le roi s’agenouilla et pria Dieu. Quand il se releva, il était si triste, si triste, que chacun prenait pitié de lui. Pourtant, il ne pleurait pas, parce qu’un homme ne doit pas pleurer, surtout quand il commande, et quand il est devant le monde.