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ET VENGEANCES


Quand il se réveilla, les étoiles marquaient minuit. Un fantôme le regardait.

— « Ta mère m’a empoisonné. Tu es roi. Fais-moi justice. »

Le mort partit. Le roi suait de peur. Pourtant, c’était un homme fort et hardi. Alors, il s’enfuit dans la nuit noire. À la pointe de l’aube, il était au bas de la montagne. Tout un an, le pauvre homme marcha, marcha toujours tout droit devant lui, sans demander jamais son chemin. Enfin, il arriva dans son pays, et s’en vint, le soir, frapper en secret à la porte de son plus grand ami.

— « Bonsoir, mon ami. Ne me reconnais-tu pas ?

— Vous êtes le roi.

— Oui, je suis le roi. Donne-moi des nouvelles de ma belle.

— Votre belle est morte dans son couvent.

— Donne-moi des nouvelles de ma mère.

— Votre mère est toujours dans son château, et elle s’est faite maîtresse, pour le malheur du pays.

— J’en sais assez. Mène-moi dans une chambre. Je suis las, et je veux dormir. Demain, viens me réveiller avant la pointe de l’aube.

— Roi, vous serez obéi. »

Le roi se coucha, et s’endormit. Le premier coup de minuit le réveilla. Un fantôme le regardait.

— « Ta mère m’a empoisonné. Tu es roi. Fais-moi justice.