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chapitre treizième.

était sous l’eau, plus aucun point de repère n’était visible, à l’exception de la poignée de l’aviron, qui émergeait de ce grand lac, tandis que tout près de ce lieu flottait gracieusement ma petite compagne. Nous la remorquâmes, et après avoir vaqué aux soins peu agréables d’enlever la boue qui couvrait mes vêtements, l’excellent lit de mon hôte me permit de reposer mes membres et mes nerfs si fortement éprouvés depuis le coucher du soleil.

Le lendemain fut un jour à grains, avec un ciel couvert. La passe Jekyl et le Sound Saint-André sont larges de trois milles. De l’embouchure du Jointer, ouverte à tous les vents, jusqu’à High-Point de l’île Cumberland, la distance est de huit milles. Cette route offrait de grands dangers pour un petit bateau comme le mien, lorsque le temps continuait à être si peu propice. Après être entré dans les Sounds, il n’y avait qu’une seule éminence, près de l’embouchure de la rivière Satilla, qui pût servir de refuge au voyageur.

Sur cette côte, le temps au mois de mars est toujours pluvieux et venteux. Je ne pouvais pas me laisser bloquer sur l’éminence du Jointer par les giboulées, car il fallait pénétrer dans la partie basse du marais Okefenokee avant que la saison chaude en eût rendu le séjour dangereux.

Après avoir tenu conseil, M. Williams s’engagea à faire arriver le canot et son capitaine ce même jour à l’île Cumberland. Son petit sloop eut bientôt appareillé, et quoique les lames courtes et agitées du Sound et de violentes rafales rendissent la navigation des bancs dif-