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la forteresse de Nedelaer, dont l’emplacement est actuellement occupé par un monticule (de Notelaeren berg), que l’on croit avoir été un tumulus.

Mais bientôt la guerre reprend. Comme toutes les chroniques l’attestent, la Lotharingie, c’est-à-dire le pays entre l’Escaut et le Rhin, est de nouveau livrée à tous les désordres de l’anarchie. L’absence de l’empereur, les tristes résultats de la croisade, rendirent probablement le courage aux hommes violents et audacieux. Godefroid III s’efforça de maintenir la tranquillité. En 1151, il déclare protéger les églises, » afin que la paix et l’abondance, le salut et la victoire règnent dans ses tours « c’est-à-dire dans ses forteresses. En 1154, il s’intitule encore le zélateur de la justice et l’ami des églises de Dieu. N’a-t-il pas, en effet, été reconnu par l’empereur Conrad, lui et tous ceux qui, après lui, posséderaient la seigneurie de Louvain ou le Brabant, comme l’avoué de toutes les églises et personnes ecclésiastiques comprises dans la Lotharingie. L’autorité ducale constituait donc, en vertu d’une délégation formelle du souverain, le refuge auquel devaient recourir , lorsqu’elles étaient menacées ou attaquées, les personnes vouées par leur état à une vie paisible.

Les brigandages étaient néanmoins dans leur plus grande intensité quand, en 1152, la châsse du prieuré de Notre-Dame de Wavre, où étaient renfermées des reliques de la Vierge, fut apportée à Bruxelles, pour y être recouverte d’or et d’argent. On la déposa dans la chapelle (aujourd’hui église) de Saint-Nicolas. Sa présence fut signalée, dit-on, par de nombreux miracles, qui attirèrent une affluence considérable de fidèles. Cette affluence inspira aux religieux d’Afflighem le désir de transporter la châsse dans leur monastère, dont le prieuré de Wavre était une dépendance. Mais le prieur résista, et il fut secondé, si l’on en croit Gillemans, par une intervention surnaturelle ; aucune force humaine ne parvint à soulever la châsse. On la reporta à Wavre, non, en tout cas, sans que cet incident eût provoqué des scènes tumultueuses, pour lesquelles les Bruxellois firent amende honorable aux religieux d’Afflighem, l’année suivante.

Depuis cette époque, la statue de la Vierge est vénérée sous le nom de Notre-Dame de la Paix, parce que, vers la Saint-Jean de 1152, les guerres privées et les séditions qui troublaient la paix cessèrent subitement. Il y eut alors une trêve entre le duc et les seigneurs de Grimberghe. L’abbaye de Grimberghe put sortir de ses ruines, car elle obtint une confirmation des acquisitions faites par ces religieux : en 1153, de Godefroid III ; en 1154, de Walter Berthout, sans que l’un de ces personnages fasse en cette occasion mention de l’autre. Mais la véritable cause du rétablissement de la tranquillité fut l’avènement à l’empire de Frédéric Barberousse, duc de Souabe, dont on connaissait l’indomptable énergie et l’extrême sévérité.

Le nouveau souverain s’empressa d’aller en Italie affermir son autorité et somma alors (le 5 décembre 1154) tout vassal de l’Empire d’assister à son couronnement, puis, en 1156, il prescrivit l’observation d’une paix qui devait durer dix ans. Le monastère de Gembloux lui dut une charte de protection (datée du 28 décembre 1153) et celui de Parc, près de Louvain, un diplôme(du 17 juin 1154), où l’avouerie du monastère est garantie au duc Godefroid. Walter Berthout figure parmi les témoins de ce dernier acte. La paix paraissant assurée, le duc en profita pour se marier. Il épousa, en 1155, Marguerite, sœur d’Henri, duc de Limbourg, qui lui assura de grands avantages, car Henri renonça, de la manière la plus absolue, à l’autorité ducale que la maison de Limbourg disputait depuis un demisiècle à celle de Louvain ; il lui céda l’avouerie du monastère de Saint-Trond, le château de Rode (ou Rolduc), et, pour en jouir après sa mort, la moitié de tous ses biens. A partir de cette époque, l’influence de la maison de Louvain s’établit et se consolide sur les bords du Rhin, où les ducs de Brabant interviennent dans toutes les contestations importantes. Godefroid III était sans