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tée de l’empire : Henri de Limbourg ayant essayé de se défendre dans le château de ce nom, fut pris et jeté dans une prison, d’où il parvint à sortir.

Godefroid de Louvain avait été investi du duché de la Basse-Lotharingie et du marquisat d’Anvers. Henri de Limbourg, à peine mis en liberté, essaya, en 1107, de lui enlever ces possessions, et, dans ce but, occupa la ville d’Aix-la-Chapelle. Godefroid ne lui laissa pas le temps d’affermir sa domination ; il assaillit Aix à riniproviste, s’en rendit maître et y fit prisonniers Henri, plusieurs comtes et un grand nombre de nobles. L’ancien duc eut à peine le temps d’échapper au vainqueur par la fuite, avec ses fils ; sa femme fut moins heureuse, mais Godefroid jugea indigne de lui de la retenir en prison et lui rendit sa liberté. Il en agit de même avec les seigneurs qui étaient tombés entre ses mains, en ne leur demandant rien que de combattre désormais pour lui.

La même année, Godefroid, ainsi qu’Henri et d’autres princes, conduisit des troupes vers Verdun , où le roi Henri V rassemblait une armée pour donner de l’inquiétude au pape, qui allait tenir un concile à Troyes. Il y eut alors quelques années de calme, pendant lesquelles on perd de vue le duc, qui ne resta pas longtemps fidèle à l’empereur. En 1114, lorsque ce monarque se brouilla avec le pape Pascal II et qu’une insurrection formidable éclata dans la basse Allemagne, le duc Godefroid figura parmi les rebelles.

Dans le centre de la Belgique, en dehors de l’évêque de Liège Obert, un seul noble de premier rang resta fidèle à l’empereur. Ce fut le comte Gislebert ou Gilbert de Duras. Les hostilités commencèrent par une attaque dirigée par le duc contre Saint-Trond, qui n’était pas suffisamment fortifiée. Cette ville résista à deux assauts ; le troisième la livra aux assiégeants ; ils la pillèrent et la brûlèrent (le 19 juillet 1114) ; puis le duc, vainqueur, exigea la démolition du mur que l’on avait élevé autour de l’atrium ou cimetière de l’abbaye.

En l’année 1118, l’empereur Henri V visita la Lotharingie et rallia à sa cause une partie des princes armés contre lui, entre autres, Godefroid. Celui-ci s’engagea bientôt dans deux autres querelles, également sanglantes. Le comte de Flandre, Baudouin VII ou à la Hache, étant mort sans enfants, le 18 mai 1119, sa succession fut contestée. Baudouin avait appelé à lui succéder son cousin, Charles de Danemark, fils du roi Canut et d’Adèle de Flandre ; mais la propre mère de Baudouin, Clémence de Bourgogne, fille de Guillaume le Hardi, comte de Bourgogne (ou de la Franche-Comté), lui opposa Guillaume d’Ypres, fils illégitime de Philippe de Flandre et qui s’était marié à sa nièce. Clémence épousa vers ce temps le duc Godefroid, alors veuf de sa première femme. Tous deux s’allièrent avec Baudouin, comte de Hainaut, les comtes de Saint-Pol et Thomas de Coucy. Leurs efforts furent inutiles ; Charles triompha de tous ses ennemis, et Clémence ne put acheter la paix qu’en lui cédant quatre des douze villes formant son douaire.

A la même époque mourut Obert, évêque de Liège (31 janvier 1119). Les partis qui divisaient le clergé de cette ville se trouvèrent alors en présence. Quelques chanoines destinaient leurs suffrages à l’archidiacre et prévôt Frédéric, frère du comte de Namur ; pendant que l’élection se préparait, l’archidiacre Alexandre alla trouver l’empereur et obtint de lui, à prix d’argent, dit-on, l’investiture de l’évêché par l’anneau et par la crosse. Grâce à l’appui du duc Godefroid, on l’intronisa à Liège, mais ce fut son compétiteur qui reçut la consécration épiscopale du pape Calixte lui-même, à Reims (le 26 octobre). Une guerre civile éclata dans l’évêché. Si quelques princes et les principales villes, comme Liège et Huy, se prononcèrent pour Frédéric, Alexandre compta également des partisans dévoues. Dans le Brabant, dans la Hesbaie, toute la noblesse se déclara pour lui, de même que la bourgeoisie de Saint-Trond. Le sort des armes ne lui fut pas favorable : il avait occupé le château de Huy, il y fut bloqué par ses ennemis, et ceux-ci