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La première guerre qu’il eut à soutenir fut provoquée par la possession du comté de Brugeron, que l’évêque de Liège Obert réclama comme uu fief tenu de son église. Le prélat commença par fulminer contre lui une sentence d’excommunication, mais lorsqu’il convoqua les princes du voisinage , et en particulier le duc Godefroid de Bouillon, pour marcher contre le comte, ils se plaignirent de ce qu’il avait également excommunié l’abbé de Saint-Hubert, ecclésiastique généralement respecté. Ces récriminations paraissent avoir retardé la solution du différend au sujet du Brugeron. Si l’on en croit Gilles d’Orval, le comte donna enfin des otages en garantie de sa fidélité à exécuter le jugement qui devait intervenir ; puis les deux parties désignèrent chacune six hommes libres, et ceux-ci reconnurent le Brugeron comme un domaine de l’église de Liège. En 1099, dans une assemblée présidée par l’empereur Henri IV, Godefroid dut renoncer au comté, qui fut donné en fief à Albert, comte de Namur. Il est à remarquer, toutefois, qu’au xiie siècle, le territoire que l’on attribue au Brugeron obéissait aux comtes ou ducs de Louvain et que les comtes de Namur n’y conservèrent que la suzeraineté sur la seigneurie de Zétrud.

Godefroid intervint, vers cette époque, dans les querelles intestines qui agitaient l’abbaye de Saint-Trond ; ce fut grâce à sa médiation que les comtes Henri de Limbourg et Arnoul de Looz, qui soutenaient les deux compétiteurs au titre d’abbé de cemonastère, se réconcilièrent. Les moines s’étant refusés à accepter pour abbé Herman, le protégé du duc Henri, celui-ci voulut les en punir ; mais, à la demande de Gilbert, comte de Duras, qui lui donna 24 marcs d’argent, Godefroid s’y opposa et arrêta ce projet.

Le comte de Louvain fut également l’un des princes qui s’occupèrent des contestations soulevées par la double élection, en qualité d’évèque de Cambrai, de Manassés, soutenu par l’autorité papale et par l’archevêque de Heims, et de Gaucher, le candidat des défenseurs de la cause de l’empereur Henri IV. Lorsque, en 1102, le comte de Flandre Robert attaqua le Cambrésis, Godefroid, qui est en cette occasion qualifié de duc, avertit, ainsi que d’autres princes, l’empereur de cette agression. Il avait assisté, avec le titre de comte, au siège de Limbourg, au mois de mai 1101, et ce fut peut-être pour punir Henri, comte de cette forteresse, devenu duc de la Basse-Lotharingie après la mort de Godefroid de Bouillon, que Godefroid de Louvain fut, au moins pour un temps, décoré de la dignité ducale.

Ces différentes mentions et d’autres, que l’on pourrait emprunter à des chartes, relèguent au rang des fables la légende qui nous a été conservée par le chroniqueur A. Tbymo et dont il a déjà été fait justice dans l’Histoire des environs de Bruxelles (t. III, p. 44O et suivantes). D’après cette légende, Godefroid aurait captivé par ses exploits la belle Sophie, fille de l’empereur d’Allemagne. Fait prisonnier, à deux reprises, dans des guerres en Orient, puis délivré à la suite d’aventures romanesques, il aurait remporté d’éclatants triomphes et procréé de Gorgone, reine des Turcs, un fils nommé Saladin. Une tradition bruxelloise fait dater de l’époque de Godefroid l’origine de la fête dite la Veillée des Dames, qui se célèbre à Bruxelles le 19 janvier ; les femmes mettent alors coucher leurs maris, en souvenir, dit-on, de la joie qu’elles éprouvèrent lorsque les Bruxellois, que l’on croyait avoir péri dans la croisade, revinrent dans leur patrie.

Les services que Godefroid rendit à l’empire furent hautement récompensés en 1106. Le duc Henri de Limbourg, qui avait énergiquement défendu le vieil empereur Henri IV contre son fils rebelle, Henri V, se vit exposé à la vengeance de celui-ci. Dans une assemblée tenue à Worms, à la Pentecôte (le 13 mai), il fut déclaré ennemi de l’Etat et dépouillé de son titre ducal. Henri V fut vaincu dans un combat livré près de Visé et repoussé de Cologne, qu’il tenait assiégée, mais la mort inopinée du vieil Henri lui assura la possession incontes-