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s’étend qu’aux vingt-cinq premiers chapitres du livre I des Nuits Attiques, qui se composent de vingt livres. J’ignore si les cent vingt pages qu’il comprenait ont paru avec un titre particulier. Plusieurs bibliographes prétendent qu’elles ont été jointes à quelques exemplaires de l’édition, mais Brunet déclare ne les avoir rencontrées dans aucun des exemplaires qui ont passé sous ses yeux. On en trouve des extraits dans l’édition d’Aulu Gelle des deux Gronove, Lugd. Bat. 1706.

On croirait que Carrion a eu l’intention de s’établir à l’étranger ; en effet il donna des leçons publiques de jurisprudence à Bourges, puis à Orléans et à Gergeau. Mais une nomination de professeur extraordinaire dans la faculté de droit, à Louvain, accompagnée d’un canonicat de second rang à l’église Saint-Pierre dans la même ville, le fixa pour toujours dans son pays. Après avoir pris, comme on disait alors, le bonnet de docteur en l’un et l’autre droit, il fut nommé le 1er décembre 1586 à la chaire d’Institutes impériales et reçut la direction du collége Saint-Ives ou des Bacheliers. L’année 1589 le vit élever à la chaire de droit canon et à une place de chanoine de premier rang à Saint-Pierre. Enfin la dignité de recteur de l’Université couronna, en 1591, sa carrière professorale. Les dernières années de sa vie paraissaient avoir été consacrées exclusivement à l’enseignement ; il mourut dans un âge peu avancé, le 23 juin 1595. Avec son canonicat de Saint-Pierre, Carrion avait cumulé un canonicat de Saint-Germain de Mons, auquel il renonça au bout d’un an, et un canonicat de Saint-Omer, qu’il avait dû probablement à la bienveillance de l’évêque J. de Pamèle, son compatriote et ami, auquel sont dédiées ses deux éditions de Valerius Flaccus.

Sans être au premier rang des philologues du xvie siècle, Carrion occupe parmi eux une place distinguée. Un éditeur de Censorinus, Lindenbruch, me paraît l’avoir parfaitement caractérisé en l’appelant homme de beaucoup d’érudition et d’une grande pénétration d’esprit. Joseph Scaliger, qui lui était ouvertement hostile, tout en attaquant son caractère et sa vie privée, rend pleine justice à son savoir.

Bibliographie : 1o C. Val. Flacci Argonauticón, liv. VIII ex vet. exempl. emendati et perpurg. studio Lud. Carrion. c. ejusd. castigat. Antv. Chr. Plantin, 1565, in-12 et ibid., 1566, in-16. — 2o C. Sallustii Crispi Historiar., liv. sex. à Lud. Carrione collecti et restituti. Antv. Chr. Plant. 1573, in-12. — 3o Antiq. lectionum commenii. tres. Antv. C. Plant., 1576 in-12. — Réimprimé dans le Lampas ou Thes. Crit. de Gruter, t. III. Francfort, 1604. — 4o Magni Aurel. Cassiodori de orthographia liber ; ed. et emend. L. Carrion. Antv. Plant., 1579, in-12. — 5o C. Sallustii Cr. Oper. quæ extant. Nova editio. ed. et rec. L. Carrion. Antv. ex offic. Plant., 1579-80. 3 vol. in-8o ; le premier tome contient les ouvrages conservés et les fragments ; les tomes II et III, les notes de divers savants. — 6o Itinerarium Constantinopolitanum et Amasian. etc., Antv., 1582, in-8o. C’est la relation du premier voyage de Busbecq à Constantinople. — 7o L. Carrion. Emendatt. et abss., lib. II, Paris, 1583, in-4o, réimprimé dans Gruter, Lampas, t. III. — 8o Censorini de Die Natali, nov. editio. L. Carrione rec. aug. et pristino ord. suo restituente. Lutet. ap. Æg. Bcysium, 1583, in-8o. — 9o Auli Gellii Noctes Atticæ : quas nunc primum a magno mendor. numer. magn. Vet. exempl. numer. repurgavit. Additæ sunt. H. Stephani Noctt. aliquot Parisinæ, etc. Paris, 1585, in-8o. — 10o Epistolarum Selectar., lib. III. Paquot, qui cite le titre de ce recueil, ne croit pas qu’il ait vu le jour.

Carrion (François), de Bruges, contemporain du précédent, probablement son frère ou son cousin, enseigna le grec à Saint-Guislain, en Hainaut, où il eut pour élève le franciscain Philippe Bosquier. Lorsque celui-ci publia son Orator Terræ sanctæ et Hungariæ, dans le but d’engager les rois chrétiens à faire trève à leurs discordes et à tourner leurs armes contre les Turcs, son ancien maître lui adressa une petite pièce de vers grecs, qui, selon l’usage du temps, a été imprimée en tête du volume (Cologne, ap. Crithium, 1611). Ce morceau, composé de cinq distiques,