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nous lisons dans les Annales de Metz, dans Hincmar, dans Flodoard et dans les Annales de l’ordre de Saint-Benoît, qu’il fut enterré dans la basilique de Saint-Remy, à Rheims. (Annal. mettens. ad ann. 771; Hincmar, Opp. tome II, p. 832; Flodoard, Histor. Remens., tome II, p. 17; Mabillon, Annal. Ordin. Sancti Benedict., tome II, lib. 24, § 35.) L’aurait-on expulsé des cryptes royales de Saint-Denis et exilé de son sépulcre comme on avait exilé ses enfants du trône? Ou bien aurait-on voulu jeter le voile de l’incertitude même sur le lieu où reposaient ses restes, pour effacer jusqu’au dernier souvenir de son existence? Nous ne savons.

André van Hasselt.

Einhard, Annales. — Vita Karol. Magn. — Sigeb. Gembl., Chron.Chronic. Virdun. — Fredegar. Scholastic. Chron. contin.Ann. Mettens., Annal. Petav., Annales Tilian. — Marian. Scot. Chron. — Adrevald. Miracul. S. Benedict. in Gallià. — Chroniq. de St-Denis. — Hincmar, de Villa Novalliac. — Flodoard, Histor. Remens. — Poeta Saxo. — Mabillon, Annal. ord. S. Benedict. — Ejusd. Act. SS. Ord. S. Benedict.

CARLOMAN, maire du palais d’Austrasie. VIIIe siècle. — Charles Martel, l’illustre héros de Poitiers, avait succombé à la fièvre dans la villa royale de Kiersy-sur-Oise, le 15 (Annal. Petav. Chronic. breve) ou le 22 octobre 741 (Fredegar. Scholast. Chron. Cont., cap. 110). Il laissa de sa première femme Rotrude, deux fils et une fille, Carloman, Pepin et Hiltrude, et de Sonichilde ou Swanahilde, sa deuxième épouse, un fils nommé Gripo. On sait qu’il eut en outre un fils naturel, ce comte Bernard qui joua un si grand rôle dans l’histoire de Charlemagne, celui-là même que mentionne Éginhard dans ses Annales (ad ann. 773), et qui fut le père du célèbre comte Wala et de saint Adélard ou Adalhard, abbé de Corbie. D’après le conseil de ses principaux leudes. Charles avait, peu de temps avant sa mort, partagé le gouvernement des royaumes francs entre les deux fils de Rotrude et assigné à Carloman l’Austrasie avec les duchés d’outre-Rhin, à Pepin, la Neustrie et la Bourgogne, ne laissant à Gripo qu’un simple apanage formé de quelques comtés détachés des trois royaumes principaux.

Si le prestige que Charles Martel avait exercé sur les Francs durant un quart de siècle lui avait permis de se passer d’un roi pendant quatre ans; si, dans le partage du gouvernement des royaumes, il avait posé un véritable acte de souveraineté, — il était à craindre qu’après sa mort les populations si diverses dont se composaient les États mérovingiens n’en vinssent à se détacher les unes des autres, et que le lien établi entre elles par la communauté des champs de bataille et des conquêtes ne vînt à se rompre. Mais ni dans l’un ni dans l’autre de ses deux héritiers, le sang des Pepin ne se démentit. L’énergie traditionnelle de leur race et l’union parfaite dans laquelle ils vécurent depuis leur avènement eussent suffi pour contenir les nationalités si hostiles les unes aux autres qu’ils avaient à gouverner, mais auxquelles les intrigues ourdies par Sonichilde en faveur de son fils Gripo devaient bientôt donner un prétexte ou une occasion de se soulever. Cependant ils jugèrent prudent de donner à leur position une apparence de légalité et d’écarter tout soupçon d’usurpation sur l’autorité royale, en tirant de l’ombre d’un monastère un enfant imbécile, Childéric III, fils du dernier prince mérovingien Chilpéric II, et en le revêtant de cette royauté dérisoire que Pepin devait, quelques années plus tard, faire disparaître à tout jamais. Il ne leur suffit pas d’avoir ainsi donné satisfaction à cette religion de la légitimité qui avait encore conservé un certain prestige; si amoindris que fussent les dieux qui en étaient l’objet, ils trouvèrent nécessaire aussi de ménager une sorte de rapprochement entre leur maison et le clergé irrité d’avoir vu Charles Martel, non pas séculariser les biens ecclésiastiques, comme on l’a prétendu à tort[1], mais disposer à son gré des crosses épiscopales, des abbayes et des bénéfices de toute espèce pour récompenser les hommes d’armes qui l’avaient assisté dans ses grandes guerres. L’agent le plus actif que Rome eût, à cette époque, dans le nord de l’Europe, saint Boniface, leur fut en cette circonstance

  1. Voir à ce sujet l’excellent travail du docteur Roth, Geschichte des Beneficialwesens, p. 325 et suiv.