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destiné à être prononcé dans une affaire contentieuse, où il s’agissait de deux têtes, l’une en plâtre et l’autre en marbre (Gand, brumaire an xii-1802). Peu de temps après, Calloigne, quittant son premier maître, le sculpteur Charles van Poucke, partit pour Paris et y fut admis dans l’atelier d’Ant. Chaudet, peintre et statuaire français. Il remporta en 1805, au concours de l’Institut des beaux-arts, le second prix de sculpture, et en 1807, le prix de Rome, par un bas-relief : La mort d’Iphigénie, magistralement traité. Ce triomphe, si envié, lui ouvrit les portes de la ville éternelle et lui valut le précieux avantage de passer plusieurs années, en qualité de pensionnaire, à l’Académie de France, alors dirigée par le peintre J.-B. Suvée, son compatriote et la providence des artistes flamands. Calloigne y exécuta divers morceaux de sculpture, qui lui acquirent une réputation de talent bien justifiée. De cette époque date son Aphrodite ou Venus à la conque, statuette en marbre, de demi-nature. Ce petit chef-d’œuvre, devenu la propriété du prince héréditaire des Pays-Bas, fut détruit dans l’incendie de son palais de Bruxelles, le 27 décembre 1820. Le souvenir en a été conservé par des reproductions en plâtre, moulées sur l’original. Calloigne fit aussi à Rome un Socrate, d’un véritable style grec. Bon nombre des études dessinées en Italie par l’artiste brugeois offrent le même caractère sculptural.

En 1808, il fit pour la bibliothèque de Gand le buste d’Antoine Sanderus, le savant auteur de la Flandria illustrata. De retour dans sa ville natale, en 1814, il y fut nommé architecte communal et directeur des travaux publics, bien qu’il ne se fût guère occupé, jusque-là, d’études architectoniques. Il dirigea des travaux assez importants, et entre autres, d’après son plan, la construction du Marché aux Poissons, avec ses galeries, ses portiques et ses colonnades. Néanmoins, il continua à se livrer avec prédilection à la sculpture et exécuta en marbre le Jean van Eyck, fort belle statue qui du Musée est descendue sur la place de l’Académie de Bruges; — Au salon triennal des beaux-arts-de Gand, en 1820, il exposa le modèle du Lamoral d’Egmont, destiné au village de Sotteghem (Flandre orientale), où le comte avait sa résidence seigneuriale et où reposent, depuis 1568, ses restes mutilés. L’artiste avait représenté le héros en tenue guerrière, au moment de son arrestation par les satellites du duc d’Albe. La statue, qui est encore en la possession des héritiers de Calloigne, a neuf pieds de haut. On eut d’abord l’idée de la couler en fer, dans les ateliers Cockerill, puis on donna la préférence au marbre. Il fut ouvert une souscription nationale, et la famille royale des Pays-Bas s’y inscrivit pour une somme considérable. D’autres travaux, puis la mort prématurée de l’artiste, empêchèrent l’érection du monument, dont il avait fourni l’esquisse. La Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand lui décerna un médaillon d’or, portant des inscriptions commémoratives. Une réduction du Lamoral d’Egmont, statuette en bronze doré, a été exécutée pour le prince d’Orange (Guillaume II), dans les ateliers de Trossaert et Ce, à Gand. — En 1827, il fit, pour l’église de Saint-Gilles, à Bruges, des fonts baptismaux en marbre de Bologne. Autour de la cuve se voient les attributs des Évangelistes et à la base la Foi, l’Espérance et la Charité.

J.-R. Calloigne exécuta plusieurs bas-reliefs dans lesquels il fit preuve de talent et de goût. On cite avec éloge son Electre pleurant sur les centres d’Oreste, composition adressée de Rome au gouvernement français en acquit du devoir prescrit aux lauréats pensionnaires. Il composa en 1820 un bas-relief allégorique pour le fronton du palais universitaire à Gand : Le Génie des Pays-Bas, sous la figure de Minerve, remettant à la cité gantoise les faisceaux académiques, en présence des Facultés. Cette conception a été gravée au trait par Le Normand, mais ne fut pas sculptée. — Il faut mentionner encore quelques œuvres : une statue d’Archimède (Paris); la Religion et le Génie pour le cénotaphe de l’architecte Pisson (Église de Mariakerke lez-Gand); un Monument funéraire