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perdit. Le comte de Taxis, au service de l’archiduc Léopold, communiqua au nouveau prince de Liége, Maximilien-Henri de Bavière, une lettre compromettante prétendûment écrite par De Bex au duc de Lorraine, de commun accord avec des nobles suspects. Il y était question d’intelligences que l’ancien bourgmestre aurait conservées à Liége avec des partisans de l’opposition. Il n’en fallut pas davantage. Un détachement de troupes allemandes fut aussitôt envoyé à Herstal, du consentement, dit-on, de la princesse d’Orange : De Bex rentra prisonnier dans sa ville natale, le 3 février 1651.

On voulait un exemple. L’ancien ami de Laruelle et de Beeckman, le beau-père de Barth. Rolans fut condamné à mort par le tribunal des échevins. Le vénérable octogénaire pouvait, il est vrai, obtenir sa grâce, mais il devait la demander humblement au successeur de Ferdinand, au neveu de celui dont il avait si longtemps combattu la politique imprudente et souvent coupable. C’eût été désavouer son passé. Aux larmes et aux supplications de sa famille, il répondit par un refus stoïque.

Le 22 février, un échafaud était dressé devant la rue Neuvice ; tout autour on avait distribué les hommes du baron de Vierset et un corps de quatre cents fantassins. Vers trois heures après midi, De Bex fut amené portant nu flambeau à la main. Quand il gravit l’escalier fatal, les tambours commencèrent à battre, les trompettes retentirent. Tout ce bruit devait étouffer la voix du noble vieillard dont la tête, quelques instants après, tombait sous la hache du bourreau.

Le 3 novembre 1654, Maximilien-Henri, de son autorité principale, rendait une ordonnance par laquelle il absolvait la mémoire de De Bex, et restituait en tant que de besoin sa postérité en mesme estat qu’elle estoit et pouvoit estre auparavant et comme si cette mort ne fût survenue…..

De Bex est l’une des figures les plus populaires de l’histoire de Liége. « Il fut regretté de bien des gens qui le jugeaient d’une meilleure fortune pour sa grande habileté dans les affaires, son intégrité et sa grande érudition dans le droit. » Les historiens les plus favorables au parti èpiscopal ont épargné la victime de Maximilien-Henri. De Bex était sincèrement attaché à la neutralité liégeoise, aux priviléges et aux lois de son pays, dit M. de Crassier ; il a pu croire qu’il ferait quelque bien, mais il n’a pu ni prévoir ni empêcher les excès dont ses collègues se rendirent coupables. Le même écrivain ne le considère pas même comme ayant été un chef de parti dans le sens où il applique, par exemple, cette qualification à Laruelle et à Beeckman. — Le nom de De Bex s’est éteint le 22 février 1845, par la mort du chevalier J.-L.-E. de Bex, qui a occupé les fonctions de bourgmestre de Liége sous le règne de Guillaume Ier.

Ul. Capitaine.

Le portrait raccourci des factions, 1645. — Bouille, Hist. de Liége, t. III. — Foullon, Hist. populi Leod., t. III. — Loyens, Recueil héraldique. — De Gerlache, Hist. de Liége. — Polain, Les derniers Grignoux. — De Groutars, Le village de Jupille.

BEYAERT (Josse), sculpteur, né à Louvain, au xve siècle. Il était fils de Jean et petit-fils d’Arnoud, l’un des chefs de la corporation des menuisiers. Josse Beyaert, qui figure dans les documents de l’époque avec les qualifications de tailleur d’ymaiges, — beeldsnyder, — sculptor ymaginum, paraît avoir été un artiste de mérite, puisque Mathieu de Layens, l’architecte de l’hôtel de ville de Louvain, lui confia l’exécution d’une partie des sculptures décoratives de cet édifice. Il exécuta, en 1459, le bâton royal de l’une des deux portes de ce monument, espèce de colonnette simple surmontée d’une niche, dans laquelle il plaça la statuette de saint Pierre, patron de la ville ; et en 1468, les bas-reliefs qui ornent les aiguilles des poutres en chêne de la salle gothique, petits sujets admirables de conception et de hardiesse. Les pendentifs de la voûte en chêne de la salle attenante sont également dus à son habile ciseau, ainsi que les bas-reliefs en pierre d’Avennes qui décorent la voûte de l’ancienne trésorerie ; ces dernières compositions sont puisées dans la Bible et présentent un grand intérêt pour l’art.

Comme dans beaucoup d’autres villes,