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ET CRITIQUE

theur le recevant en sa maison de la Poissonniere ». 1° Cette suscription n’existe dans aucune des éd. contempor. de Ronsard, et quand ce sonnet, supprimé en 1578, reparut en 1617 (Recueil des pieces retr., p. 91), il n’eut derechef que ce simple titre : Au Roy. 2° On lit très nettement au 6e vers dans les trois éd. collect. de 1567, 1571 et 1573 :

Loire en ses flots vos Majestez admire


au lieu de la leçon de Bl. : « Loir en ses flots... » 3° Le quatrième de ces sonnets nous apprend que la Reine mère et ses fils sont venus visiter Ronsard dans une maison qu’ils lui ont donnée « en faveur des Muses ». Il s’agit donc, non pas de la Possonnière, qui d’ailleurs n’était pas « sa maison », mais bien du prieuré de St-Cosme-en-l’Isle près de Tours, dont le poète avait pris possession précisément en 1565, au mois de mars.

Marty-Lav. a publié le sonnet Le grand Hercule..., au tome VI de son éd., p. 257, sans la suscription de Bl., mais avec la même erreur du 6e vers : « Loir en ses flots... ». J.-J. Jusserand, tout en reconnaissant que Ronsard ne fut jamais propriétaire de la Possonnière, s’est laissé tromper par Bl. et M.-L., car il a raconté que le poète eut une fois la permission d’y recevoir Charles IX, et a cité comme preuve le sonnet Le grand Hercule. (Nineteenth Century, April 1897, p. 603.)

Quant au goût très vif de Ronsard pour le jardinage, il apparaît en plusieurs autres endroits de ses œuvres, qui ont pu servir de sources à Binet : v. par ex. le poème de la Lyre et celui du Chat publiés en 1569 (Bl., VI, pp. 54 et 69), et cf. deux pièces d’Am. Jamin, une ode pindarique intitulée : Pour un laurier planté par M. de Ronsard en un lieu nommé Croix-val (v. mon article des Annales Fléch. de sept. 1906), et un sonnet liminaire du Sixiesme livre des Poëmes de Ronsard (1569) :

Fait nouveau mesnager, mon Ronsard, ton plaisir
N’estoit que rebastir et regler ton mesnage.
Planter, semer, enter, aimer le jardinage
Et la vie rustique avant toutes choisir...


Ces deux pièces avaient été recueillies dans les trois éd. collectives des Œuvres Poët. de Jamin (1575, 1577, 1579), au 5e livre, où Binet a pu les lire.

P. 45, l. 20. — s’il ne parloit à eux. Pour ces deux dernières phrases, voirie sonnet : Je veux lire en trois jours l’Iliade d’Homere (Bl., I, 413) ; l’ode du livre II : J’ay l’esprit tout ennuyé (II, 162) ; le poème A. P. L’Escot et le discours A Jacques Grevin (VI, 189 et 312) ; la Responce aux injures, vers 513 et suiv. (VII, 112-13).

P. 45, l. 42. — Mauduit. Cette incidente ne se trouve que dans l’in-folio de 1609 ; elle n’est même pas dans l’édition in-12 de la même année. — Sur le musicien Mauduit, voir ci-dessus, pp. 192 et 193.

P. 45, l. 46. — sans vie. La principale source de cette addition est certainement ce passage de l’Abbr. de l’A. P. : « ... tu feras tes vers masculins et fœminins tant qu’il te sera possible, pour estre plus propres à la Musique et accord des instrumens, en faveur desquels il semble que