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INTRODUCTION

compositions, afin que soubs la faveur de vostre nom, en aiant pour avant garde et fidelle escorte un La Peruse, il marchast plus asseurément en campaigne, auquel par votre noblesse et courtoisie vous excuserez s’il vous plaist la rudesse et peu de jugement, comme ne venant pas de quelque viel routier et rusé en cest art, acceptant cecy pour avantcoureur de quelque chose mieux tracée. » Le volume se termine par plusieurs pièces de ses amis en latin et en français, parmi lesquelles Antoine Le Fèvre, de Clermont en Beauvaisis, lui adresse ces distiques :

Si tua jam tenerae laudantur scripta juventae,
Grataque sunt doctis munera prima viris,
Quid facies, Claudi, fuerit cum grandior actas !
Quos quanta promes sedulitate modos !

En 1573, il publie une Ode sur la naissance et triomphant baptesme de Marie-lsabel de Vallois, fille unique de France[1]. En 1573 encore, l’Adieu de la France au serenissime roy de Pologne augmenté de la responce et adieu du roy de Pologne à la France[2]. En 1575, un nouvel opuscule, contenant, entre autres pièces, une « eglogue de chasse » intitulée Adonis ou le Trespas du roy Charles IX, et une « eglogue marine » intitulée Les Daufins ou le Retour du roy (Henri III)[3]. Et les amis de s’extasier toujours sur la précocité du talent de l’auteur : François de Belleforest accompagne l’Adieu de la France d’un éloge qui commence ainsi :

Binet, puisque Pallas, au printemps de ton age,
T’a departi sa grace ..........


un autre poète, qui signe B. D. S., dit à propos des Daufins :

  1. Paris, Dallier, in-8o de 11 pages (Bibl. Nat., Ye, 15539). Lyon, Rigaud, in-8o de 7 ff. (Id., 8° Ye, pièce 5965).

    D’après La Croix du Maine, ce généthliaque fut imprimé à Paris chez Dallier dès 1572. La naissance de Marie-Elisabeth de Valois date du 27 octobre 1572.

  2. Paris, Galoudeau, in-8o de 18 ff. (Bibl. Nat., Lb34, 40). Le gala des Tuileries donné en l’honneur des députés polonais qui venaient offrir à Henri d’Anjou la couronne de Pologne eut lieu à la fin d’août 1573. Henri d’Anjou ne franchit la frontière allemande que le 5 décembre. La pièce de Cl. Binet date donc de la deuxième moitié de l’année.
  3. Merveilleuse rencontre sur les noms tournez du Roy et de la Royne (Présenté à leurs Majestez). Plus Adonis ou le Trespas du Roy Charles IX (Eglogue de chasse), A Messire Albert de Gondy, comte de Retz et mareschal de France. Les Daufins ou le retour du Roy (Eglogue Marine) avec le chant des Sereines qui est un Epithalame sur son mariage, A Monsieur Du Faur, seigneur de Pybrac. Par Cl. Binet Beauvaisin. Paris, Féderic Morel. impr. ord. du Roy, 1575, in-4o de 40 pp. (Bibl. Nat., Rés. Z. Fontanieu 103 ou Recueil de Memoires, tome 103, Z 2284).

    P. Lacroix a écrit dans sa Notice sur les Ballets et Mascarades de Cour : « Quand Charles IX revint dans sa capitale (après le voyage de Bayonne), on honora son retour par plusieurs mascarades à l’Hôtel de Ville de Paris. Claude Binet était l’auteur des vers qui se chantaient dans l’une, J.-A. de Baïf avait composé les vers de l’autre, que récitaient des Nymphes. Ronsard fit aussi sa mascarade. » C’est une erreur qu’il importe de relever, car le retour de Charles IX à Paris après le voyage de Bayonne remonte à 1566. P. Lacroix a confondu probablement avec le retour de Henri III, revenant de Pologne, qui fit son entrée à Paris après son sacre et son mariage en février 1575 ; c’est ce retour que Binet a chanté dans le recueil de 1575.