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COMMENTAIRE HISTORIQUE

même pour sa troisième rédaction. Il a été trompé par ce fait que dans toutes les éditions collectives, notamment celle de 1584 qu’il consulta pour A, les Amours sont placés avant les Odes. — Estienne Pasquier a commis une erreur analogue et pour la même raison : « Le premier qui y mit la fin fut Ronsard, lequel premierement en sa Cassandre et autres livres d’Amours, puis en ses Odes... » (Rech. de la Fr., livre VII, chap. vii.)

P. 17, l. 6. — d’Apollon. Cf. la dédicace du Commentaire des Amours par Muret : « N’avons-nous veu l’indocte arrogance de quelques acrestez mignons s’esmouvoir tellement au premier son de ses escrits, qu’il sembloit que sa gloire naissante deust estre esteinte par leurs efforts ? » (Edition de Ronsard, par Marty-Lav., I, p. 374.) Ronsard lui-même dit qu’un « tas de courtisans déchirent son nom et sa gloire naissante » (Epitaphe de Hugues Salel, Bl., VII, 269). — C’est également l’expression dont se sert Michel de L’Hospital en parlant de Ronsard dans une lettre à J. Morel de décembre 1552 : « Non enim conducit ejus nascenti gloriae tot et tales obtrectatores atque aemulos habere. » (Rev. d’Hist. litt. de 1899, p. 355). Mais il est très douteux que Binet ait connu cette lettre.

La var. de C vient de ce passage de la préf. primitive des Odes : « Je ne fais point de doute que ma Poësie tant varie ne semble facheuse aus oreilles de nos rimeurs, et principalement des courtizans, qui n’admirent qu’un petit sonnet petrarquizé... » (Bl., II, 12 ; texte rectifié par M.-L., II, 476.)

P. 17, l. 12. — de Ronsard. Ce dernier détail est pris soit à la strophe que Binet cite quelques lignes plus loin : Ecarte loin de mon chef, soit à l’Elégie de Michel de L’Hospital : Magnificis aulae cultoribus, qui n’était pas encore imprimée lors de la rédaction d’A, mais que Binet avait déjà entre les mains, puisqu’il la signale plus loin et en annonce l’impression pour la première éd. posthume des œuvres de Ronsard (cf. Bl., IV, 361). — Ronsard a raconté lui-même la tactique de Saint-Gelais dans une ode A Mad. Marguerite (celle qui devint duchesse de Savoie) ; mais les strophes où il en parle clairement n’ayant paru que dans l’éd. princeps du Cinquiesme livre des Odes (cf. Bl.. VIII, 136), je doute fort que Binet les ait connues (voir ci-après, p. 127 et 133, aux mots « maçonné » et « de chanter »). Au reste, il a pu profiter d’une autre strophe de la même ode (Bl., II. 306, « Avec Hieron roy de Sicile... »), comme aussi d’un passage de l’ode de réconciliation A M. de Saint-Gelais (Ibid., 281, « Pour ce qu’à tort... »).

P. 17, l. 17. — ses autres Epitaphes. C’est-à-dire les autres Epitaphes consacrées à la reine de Navarre. Il s’agit du recueil intitulé le Tombeau de Marguerite de Valois, Royne de Navarre, faict premierement en Distiques latins par les Trois Sœurs, Princesses en Angleterre. Depuis traduitz en Grec, Italien et François par plusieurs des excellens poëtes de la France. Avec plusieurs Odes, Hymnes, Cantiques, Epitaphes, sur le même subject. Ce recueil, publié vers la fin de mars 1551 par les soins de Nicolas Denisot, contenait quatre odes de Ronsard, entre autres l’Hymne triumphal dont Binet cite les derniers vers (Voir Rev. d’Hist. litt. de la Fr., 1904, p. 447, et ma thèse sur Ronsard p. lyr., p. 73.)