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COMMENTAIRE HISTORIQUE

comprendre par armes et divis les armoiries et devises des familles nobles ? Ou bien faut-il comprendre « le blason et divis (pour devis) des armes », dans le sens de « description et discussion sur les armes de guerre » ? On peut hésiter, mais j’adopterais volontiers le second sens, étant donné que Bouchet parle dans les vers précédents des exploits militaires de Loys de Ronsart et que le mot blason signifie description dans la première moitié du xvie siècle. Qui sait d’ailleurs si notre poète ne s’est pas inspiré du manuscrit de son père quand il écrivit en 1554 précisément le « blason » des Armes (Bl., VI, 39), et lorsqu’il entreprit un poème didactique, sur la Militie, dont un fragment fut publié en 1584 (v. ci-dessus, p. 49) ?

P. 3, l. 18. — de Chaudrier. Jeanne Chaudrier était originaire de l’Anjou, comme en fait foi ce passage de G. Critton, parlant du père et de la mère du poète : « Parentem utrumque nobili loco natum sortitus est, sed paterni generis origo, quòd peregrina, obscurior, materna Andegavensis clarior fuit. » (Laudatio fun., p. 4.)

Fille aînée de Jean Chaudrier, chevalier, sr de Serrière (ou Cirières) et de Noirterre, et de Joachine de Beaumont, elle était par sa mère la petite-nièce de Joachim Rouault, maréchal de France sous Louis XI. D’après des pièces communiquées à la Soc archéol. de Nantes en 1873, elle aurait été orpheline de bonne heure et se serait laissé enlever de chez sa grand’mère par Jacques de Fontbernier, sr de la Rivière en Poitou, qui, après l’avoir gardée trois mois, refusa de l’épouser. Mariée à Guy des Roches, sieur de la Basme (ou Basne), elle devint veuve et épousa en secondes noces Loys de Ronsart, par contrat du 2 févr. 1514 (Blanchemain, Poëtes et Amoureuses, p. 41, note ; L. Proger, Tableau généal. publié dans les Nouv. Rech, p. 224 ; H. Longnon, Posit. de la thèse de l’Ecole des Chartes, ch. iv, le Roman de la mère de Ronsard ; Hallopeau, Ann. Fléch., 1905, tome VI, p. 189).

Bien que Ronsard ne nous ait jamais parlé de sa mère (car ce n’est pas d’elle qu’il est question dans l’élégie Vous qui passez, Bl., VI, 326), on peut penser quelle vivait encore en 1540, d’après ces vers de l’Ode à Marie Stuart (BL, II, 481) :

Si loin de mon pays, de freres et de mere,
J’ay dans le vostre usé trois ans de mon enfance…


Elle est mentionnée dans l’acte de tonsure du poète, qui est daté du 6 mars 1542 (anc. st.), mais on ne peut pas en conclure qu’elle vivait encore à cette date.

La leçon Chaudrier, qu’on lit à partir de C ici et plus haut, et qui me paraît fautive, est préférée à la leçon Chaudrier par Desmaizeaux dans les Remarques placées en Appendice du Dictionn. de Bayle, éd. de 1730, tome IV, p. 695.

P. 3, l. 19 — Possonniere. C’est la vraie orthog. de ce nom (voir ci-dessus, p. 59). Binet l’a observée partout en A ; mais il écrit Poissonniere partout en BC.

P. 3, l. 26. — des Genealogies. Il s’agit de Paschal Robin, sieur du Faux (1539-1593), auteur d’un grand nombre de poésies et d’éloges en prose, dont la plupart sont perdus. Il a signé P. R. D. F. quelques