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foule d’interrogations minutieuses on la mettait aux prises, en esprit méthodique qu’elle est, elle a donné plus d’attention à ses transitions, et les a par conséquent rendues plus conscientes ; peut-être même en a-t-elle modifié la nature, les a-t-elle régularisées. Pour savoir si, chez elle, les transitions sont moins conscientes que les idées, il faut comparer ce nombre de 13 transitions inexpliquées au nombre de mots inexpliqués que renfermaient les premières séries qu’elle a écrites. Ces trois premières séries contenaient en tout 9 mots inexpliqués. On voit que les transitions sont un peu plus nombreuses, mais la différence n’est pas grande.

Quelques jours après, je fais écrire à Marguerite lentement, puis rapidement 20 mots.

Dans la série rapide, je compte à peu près 7 transitions inexpliquées, et 2 mots inexpliqués ; dans la série lente, les deux nombres sont réduits, il n’y a plus que 2 ou 3 transitions inconscientes et point de mot inconscients. Ainsi, on voit que toujours les mots inconscients sont moins nombreux. Mais Marguerite n’est pas un sujet favorable pour ce genre d’études, elle a une tendance trop forte à se rendre compte de ce qu’elle fait, quand elle écrit des séries de mots, pour nous donner l’occasion de bien étudier des phénomènes d’inconscience.

Chez Armande, les transitions inconscientes sont extrêmement nombreuses ; en moyenne 30 sur 60 restent inexpliquées.

Cette abondance des associations ignorées — quelle que soit la manière dont on l’explique — (ce peut être un oubli des associations mentales qui ont réellement joué, ou une inconscience de ces associations, ce peut être encore une absence complète d’associations) ne saurait nous étonner chez Armande, qui écrit aussi beaucoup de mots dont elle ne se représente pas le sens ou dont elle oublie le sens. C’est un des caractères importants par les-