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produit souvent, car elle ne cessait de répéter, certains jours : « Je ne sais plus qu’écrire », elle regardait ensuite autour d’elle, et elle écrivait un nom d’objet présent. Je l’ai interrogée sur ce point, et elle m’a dit « qu’il lui semble que c’est plus facile » d’écrire les noms d’objets présents. Par conséquent, si on faisait état de ces deux raisons, on devrait conclure que le fait de nommer beaucoup d’objets présents provient d’un peu de paresse d’esprit, ou encore de ce qu’on est à court d’idées.

2o On est observateur.

Il y a des intelligences qui sont ainsi faites qu’elle ne perdent jamais le contact avec le monde extérieur ; elles vivent d’observations ; Marguerite me paraît bien être de ce type ; d’autres tests nous montreront très nettement qu’elle appartient au type observateur. Les deux explications précédentes ne sont pas contradictoires, peut-être renferment-elles toutes deux une part de vérité.


3o Mots s’appliquant à la personne

En relisant les mots écrits par mes deux sujets, j’ai eu l’occasion de faire une remarque qui m’a paru assez importante pour mériter une mention spéciale ; cette remarque porte sur l’idée de la personne. Cette idée, chacun de nous la possède ; elle nous accompagne partout ; à tout moment, nous avons le sentiment de notre être physique et moral, et nous rapportons à cet être nos états de conscience, nos volitions et nos sensations. C’est une question intéressante, mais fort obscure encore, que celle de savoir en quoi consiste cette idée de la personne, avec quels éléments elle est faite, et quel rôle elle remplit dans nos opérations mentales. C’est surtout la méthode pathologique qui a servi à éclairer cette question, et on sait que Janet, d’après ses études sur les hystériques, a admis que nos actes intellectuels sont accompagnés d’une perception