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Même résultat le lendemain, 25 août 1901. Sur 20 mots que je leur lis, chaque sœur en retient exactement 11.

On sera sans doute surpris de la régularité de ces résultats. Enfin, pour terminer la démonstration je compose une série de 40 mots que mes deux sujets doivent étudier pendant 3 minutes avant de les écrire de mémoire ; dans ce dernier effort de mémoire, Marguerite a été un peu supérieure, elle se rappelle 25 mots, tandis qu’Armande ne peut en écrire que 19.

Il est évident que cette série d’épreuves sur la mémoire des mots détachés donnait des résultats en contradiction avec la série précédente, où les sujets devaient apprendre des suites de vers. Les contradictions de ce genre ne sont pas rares en psychologie individuelle ; et, d’ordinaire, on est obligé de les abandonner sans les résoudre ; si j’avais fait ces recherches par exemple sur des enfants d’école, je me serais probablement arrêté devant la difficulté, faute de temps pour l’étudier de près. Ces échecs découragent beaucoup les débutants. Heureusement pour moi, les deux jeunes filles qui me servent de sujets ont été complètement à ma disposition pendant les loisirs de leurs vacances et je suis arrivé, par de longs tâtonnements, à comprendre comment il se fait que Marguerite, bien qu’elle parût avoir meilleure mémoire que sa cadette, ne réussit pas mieux que celle-ci à retenir des séries de mots.

Le procédé auquel on doit avoir recours pour concilier deux séries d’expériences qui, quoique de même nature apparente, sont contradictoires, consiste à rechercher ce que donneraient des expériences intermédiaires, faisant la transition entre les deux extrêmes.

Le procédé est long, il exige quelque patience, mais je le crois très sûr.

La différence entre les deux épreuves à concilier consistait principalement en ceci : dans un cas on avait à apprendre des vers, c’est-à-dire des mots qui faisaient appel