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la faciliter, et épargner un peu de fatigue au sujet, qui aurait pu s’effrayer si on l’avait averti dès le début qu’il avait 60 mots à écrire.

Mes questions, que je note à mesure que je les énonce, portent sur deux points principaux : 1o Quel est le sens exact de chaque mot écrit ? 2o Comment chacun des mots a-t-il été suggéré ? Je n’ai, bien entendu, trouvé que peu à peu les questions utiles à poser.

Ces recherches sont les premières que j’ai faites sur Marguerite et sur Armande. Elles n’étaient inspirées par aucune idée directrice appréciable.

J’ai fait avec Marguerite 6 séances d’expériences dans 5 de ces séances, elle a écrit 60 mots, et dans une elle n’a écrit que 20 mots. Le nombre total de mots qu’elle a écrits et expliqués est de 320.

Il n’y avait qu’une seule expérience par jour, dans la matinée, et j’y procédais de suite, sans conversation préalable. La première séance a eu lieu le 6 septembre et la dernière le 16 du même mois. Marguerite était intéressée par la nouveauté du travail ; mais elle s’est ensuite lassée, et, dans les derniers temps, elle éprouvait quelque ennui de ces interrogations continuelles. Voici l’explication que je lui ai donnée avant de l’interroger, quand elle eut écrit les 20 premiers mots :

« Voici ce que je vais te demander pour chacun des mots que tu as écrits : on peut écrire un mot sans penser à rien, machinalement, on peut aussi écrire ce mot en pensant à l’objet qu’il désigne, mais sans penser à un objet particulier ; on pense à n’importe quel objet, par exemple à une table quelconque ; enfin, on peut écrire le mot en pensant à un objet particulier, par exemple à notre table de la salle à manger. À propos de chacun des mots que tu as écrits, tu vas me dire exactement à quelle catégorie il appartient, si tu l’as écrit sans penser à rien, si tu as pensé à un objet quelconque, ou si tu as pensé à un objet