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test n’est d’attention pure ; constamment, une autre fonction y est engagée. Comment, dès lors, faire la part de l’attention, et dire que lorsqu’un sujet, comme Marguerite, triomphe dans l’un de ces tests, il doit cet avantage à la force de son attention ? Voilà l’objection, elle a, ce me semble, une portée générale. Je crois facile d’y répondre. Un test d’attention, pris isolément, ne peut pas donner de conclusion relative au degré d’attention d’une personne ; cela est juste ; mais si un ensemble de tests d’attention, qui sont de nature très variée, et qui sollicitent des fonctions bien différentes, donnent des résultats meilleurs pour un sujet que pour un autre, il est permis d’en conclure que l’élément commun de tous ces tests, c’est-à-dire l’élément d’attention, est plus développé chez l’un des sujets. C’est le cas qui se présente ; la supériorité du pouvoir d’attention de Marguerite n’est pas douteuse, puisqu’elle se manifeste dans les tests d’attention les plus différents.

Dernière objection. Nous avons dit souvent qu’Armande ne faisait pas un grand effort de volonté dans les expériences qui l’ennuient ou qui se prolongent trop ; cette attitude était bien manifeste pendant les temps de réaction par exemple. Il en résulterait que ce qui a manqué à Armande c’est moins la volonté que la bonne volonté ; elle a peut-être un grand pouvoir d’attention, mais elle ne veut pas s’en servir ; elle peut, mais elle ne veut pas. Une telle conclusion, si elle était démontrée, n’ôterait rien de l’intérêt de notre recherche ; après avoir bien réfléchi à mes résultats, je ne m’y rallie pas ; je ne crois pas qu’il y ait une opposition très grande entre ne pas pouvoir et ne pas vouloir, c’est surtout une opposition de mots. Du moment qu’Armande, dans aucun test d’attention, ne fait jamais un effort aussi vigoureux que ceux de sa sœur, c’est pour moi la preuve qu’il n’est pas dans sa nature de