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réactions anticipées ; ajoutons que, dans les deux genres d’expériences encore, les deux sœurs ont eu la même attitude mentale : Armande tranquille, un peu indifférente, Marguerite toujours zélée, prenant le travail à cœur, et se désolant à la moindre faute. On voit que ces deux tests jettent beaucoup de lumière sur le caractère de ces deux enfants, mais c’est à la condition qu’on ne se borne pas à compter des chiffres et à calculer des moyennes.

APPENDICE

réaction sensorielle et réaction motrice

Je leur ai posé à toutes deux, après 100 réactions, la même question : faites-vous plus attention à votre main droite (qui réagit) ou à votre main gauche ? (qui perçoit le signal). Armande répond de suite qu’elle fait plus attention à sa main droite. « J’ai toujours peur, dit-elle, de ne pas pouvoir lever le doigt assez vite, qu’il soit comme engourdi ; alors, je concentre toute mon attention sur la main droite. » Au contraire, Marguerite dit : « Je crois que j’ai fait plus attention à la main gauche. La main droite était un peu mécanique dans ce qu’elle faisait. » Ces deux jeunes filles n’ont jamais entendu parler de la distinction de Lange, et elles n’ont d’autres notions sur cette question que celle, très vague, qui a pu leur être donnée par mon interrogation. On voit que Marguerite, qui appartiendrait au type sensoriel, est plus rapide qu’Armande, qui appartiendrait au type moteur : c’est le contraire de ce qu’on observe ordinairement. Mais je ne suis disposé à tirer aucune conclusion de cette exception à la règle ; de plus, je ne vois pas du tout comment on pourrait rattacher les types sensoriels et moteurs de réaction aux résultats des autres recherches que j’ai faites sur ces deux enfants ; le lien peut exister, mais, pour le moment, il m’échappe.