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l’interrupteur d’Evald est nécessaire pour l’abaisser ; dès que le signal est perçu, le sujet lève le doigt en l’air ; en fait, il levait non seulement le doigt, mais la main, et quelquefois tout l’avant-bras.

Le signal tactile était fait sur la même région de la main, sur l’extrémité inférieure du métacarpe de l’index gauche. Je m’efforçais d’employer le même genre de contact[1]. Je

  1. J’ai eu le tort de ne pas préciser avec grand soin, dès le début, le mouvement que le sujet devait faire, pour signaler qu’il avait perçu le contact en réalité ; mes deux jeunes filles ont employé successivement, et à leur gré, trois genres de mouvement : 1o le poignet appuyé contre le rebord de la table, elles lèvent seulement le doigt à la réaction, et le poignet continue l’appui ; 2o le poignet était appuyé comme il est dit ci-dessus, le sujet en réagissant lève la main et un peu le bras et son poignet abandonne le contact de la table ; 3o le sujet n’appuie pas le poignet, il tient la main et le bras en l’air : l’appui lui est fourni par le doigt posé sur le bouton du manipulateur au moment de la réaction, c’est la main et le bras entier qui font un mouvement d’ascension. En répétant sur moi-même ces 3 genres de mouvements, je trouve que le 3e mouvement non seulement est le plus ample de tous, mais présente pour moi une plus grande facilité d’exécution ; et le 2e mouvement a les mêmes avantages sur le premier. Je ne peux pas dire au juste à quel moment mes deux jeunes filles ont changé de mouvement ; depuis que mon attention a été attirée sur ce point, c’est-à-dire depuis la 200e réaction, je suis certain qu’elles font toujours la 3e espèce de mouvement, sans appui du poignet ; il est probable que déjà vers la 100e réaction toutes deux ont accepté ce mode de réaction. Pour réparer les effets de mon inadvertance, j’ai profité de ce qu’Armande avait obtenu des réactions très régulières, pour la faire réagir alternativement 3 fois de suite avec le poignet au contact (2e mouvement) et 3 fois de suite sans contact du poignet (3e mouvement). J’ai pris ainsi 24 réactions, qui sont très bonnes, car le maximum, qui n’a été atteint qu’une fois, dans cette série, est de 16 et le minimum, qui n’a été atteint que 3 fois est de 12 ; c’est donc une série bien homogène, et inspirant confiance ; les réactions avec le 2e mouvement ont été de 14,79 ; celle avec le 3e mouvement ont été un peu plus courtes, de 13,64 ; il est donc incontestable que le 2e mouvement est moins aisé que le 3e ; la différence moyenne est un peu supérieure à 1 centième de seconde. Dans une recherche analogue de contrôle, j’ai trouvé que chez Armande la réaction avec le doigt (1er genre de mouvements) dure 14 centièmes, quand celle avec la main (3e genre de mouvement) dure 13 centièmes 80. Je ne me dissimule donc pas qu’il y a eu là une cause d’erreur regrettable ; la substitution inconsciente, que le sujet a faite, d’un mouvement commode et facile à un mouvement plus incommode, a dû abaisser à tort sa moyenne de réactions ; d’après ce qui précède, il est vraisemblable que cette diminution de temps de réaction peut être évaluée à 1 centième de seconde ; si importante qu’elle soit, cette erreur ne supprimera certainement pas l’intérêt de nos courbes, car la diminution de vitesse que celles-ci présentent est très supérieure à 1 cen-