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« Je regardais une des lampes du wagon qui avait une belle flamme, un peu fumeuse, etc. ; » elle compare cette lampe à l’autre qui manquait d’essence, elle donne ensuite des détails sur le wagon, qui est du type de ceux qui circulent sur la ligne de ceinture, elle décrit la forme et la couleur des lampes, des banquettes, le mode d’ouverture et de fermeture de la portière ; toute cette description prend une bonne page. La description des personnages présente les mêmes différences, mais c’est un peu moins marqué ; Armande décrit d’un trait rapide, tandis que Marguerite insiste davantage ; plusieurs petits faits sont oubliés par Armande, et retenus par Marguerite. Je note aussi qu’Armande a commis trois erreurs, peu importantes, il est vrai, et Marguerite n’en a commis aucune.

Est-ce là une expérience ? Non évidemment, ce n’est pas une expérience rigoureuse ; mais c’est une observation qui porte sur un fait réel, et elle a le mérite de bien mettre encore une fois en lumière que Marguerite non seulement a une meilleure mémoire, mais encore plus d’esprit d’observation.

2e expérience. — Autre souvenir de la veille. — Je demande aux deux jeunes filles de me raconter par écrit tout ce que nous avons fait la veille en famille, depuis la fin du dîner jusqu’au coucher. Armande donne beaucoup de petits détails sur les paroles échangées et les actions de chacun, elle n’oublie qu’une chose, l’événement le plus important de notre soirée, c’est que nous avons enregistré nos voix au phonographe. Ce n’est certainement pas une faute de mémoire, mais seulement une étourderie. Marguerite ne la commet pas, elle garde un souvenir plus complet de la veille.

3e expérience. — C’est la dernière. Je demande aux deux jeunes filles de me décrire par écrit tous les objets qui sont sur les murs de leur chambre à coucher ; elles ont