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s’occuper d’eux autrement qu’en les surveillant et en les empêchant de copier les uns sur les autres.

Alors, on s’adressait à une douzaine d’élèves, occupant une région différente de la classe, auxquels on n’avait pas montré les photographies, et on faisait sur eux une épreuve un peu différente ; ils devaient, comme les autres élèves, décrire la photographie, mais sans avoir recours à la mémoire, car la photographie était laissée sous leurs yeux pendant qu’ils décrivaient ; 10 minutes leur étaient également accordées, comme aux précédents. Le but de cette épreuve complémentaire était d’arriver à faire la distinction entre ce qui appartient à la mémoire et ce qui appartient à l’attention directe. Cette distinction deviendra, du reste, parfaitement claire quand nous exposerons nos résultats. Il nous a semblé que le but n’était pas toujours atteint. Beaucoup d’élèves qui savent qu’on leur permet de décrire la photographie en la gardant sous leurs yeux pendant les 10 minutes négligent de la regarder ; ils commencent par l’étudier attentivement pendant 1 minute ou 2 ; puis ils se mettent à écrire, s’absorbent dans leur page écrite, et ne sentent plus le besoin de revenir à la photographie ; parfois même ils terminent la description sans avoir regardé de nouveau la photographie ; d’autres la regardent à la fin, sans doute pour vérifier quelque détail de minime importance. Ces épreuves sont surtout des épreuves de mémoire. Nous avons tenu compte de cette cause d’erreur, quand nous l’avons remarquée ; mais certainement beaucoup de cas nous ont échappé.

On s’est servi de deux photographies différentes ; pour abréger, nous ne parlerons que des résultats obtenus avec une seule ; elle a 18 centimètres sur 12 ; elle est collée sur une feuille de papier bristol de 24 sur 20 ; elle est la reproduction d’un tableau de Duverger, qui appartient au Musée de Luxembourg de Paris ; elle représente et illustre la fable de La Fontaine, intitulée : le Laboureur et ses enfants.