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guerite à écrire pratiquement dans une épicerie et j’ai acheté pour deux sous de chocolat. Même contraste pour les phrases 3, 7, 15, 17. Marguerite, tout compte fait, n’a composé qu’une seule phrase poétique, la 20e : « le souffle de la brise a effeuillé la dernière rose ». Nous voyons donc s’accuser encore, dans cette expérience, la différence mentale si caractéristique de nos deux sujets. Marguerite est moins portée que sa sœur à faire usage de son imagination, et son imagination est de nature toute différente : plus précise, plus pratique, plus rapprochée de la vie réelle et, par conséquent, moins vague, moins poétique, moins émotive.

Un an après. — C’est exactement la même expérience que je reprends en vue d’un contrôle. Cinq commencements de phrase sont donnés pour être terminés. Armande a des temps de recherche qui restent toujours plus rapides que ceux de sa sœur ; ils vont de 1” à 2” ; ceux de Marguerite vont de 5” à 33”. Sur les cinq phrases écrites, Armande a deux phrases machinales, sans pensée spéciale, un souvenir datant de quatre ans, et deux phrases évoquant des tableaux imaginaires. Marguerite a trois phrases machinales, aucune invention, une phrase ambiguë qui peut être un souvenir, et un souvenir datant de 3 jours. Le temps n’a donc pas modifié le mode d’idéation des deux sœurs, autant qu’on en peut juger par cet examen rapide.


3o Sujets à développer


Je donne le sujet par écrit.

Ce travail a été fait sous forme de rédaction ; il a tout à fait le caractère d’un travail scolaire. L’exercice répété ne m’a pas paru aboutir à un résultat bien nouveau. Le développement de Marguerite est toujours plus copieux que celui d’Armande. La comparaison des idées est à peu