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l’échange fortuit d’une question et d’une réponse suffit à découvrir en moins d’une minute.

Je vais donc parler en détail du pouvoir de la volonté sur l’imagerie mentale. Lorsqu’on étudie l’origine d’un phénomène psychologique dans ses relations avec la personne de celui qui l’éprouve, on voit que trois sortes d’origine sont possibles : le phénomène peut être spontané, ou volontaire, ou en opposition avec la volonté.

Parmi les phénomènes spontanés, je citerai la rêverie ; on peut parfois, par un acte de volonté, se mettre à rêver ; mais le plus souvent l’origine de la rêverie est spontanée.

Un autre phénomène spontané est la division de conscience qui se produit parfois pendant qu’on lit ; les yeux continuent à lire machinalement, la pensée est ailleurs. Cette division se fait spontanément ; il m’est impossible de la provoquer pleinement par un acte volontaire, et tous ceux que j’ai interrogés et à qui j’ai demandé de faire l’épreuve devant moi ont échoué, malgré les divers artifices qu’ils employaient.

Les phénomènes volontaires sont ceux qui se produisent à la suite d’une réflexion ; c’est par là qu’ils s’opposent aux phénomènes spontanés. La définition des phénomènes contraires à la volonté ne demande aucune explication[1].

Dans les expériences précédentes, nous avons vu, à propos des images, que les unes naissent spontanément, et d’autres sont cherchées, et par conséquent voulues. Nous allons étudier chez nos deux sujets quelles différences présentent ces deux modes de formation des images.

Voici le compte-rendu textuel des observations.

Je dis à Armande (18 sept.) : « Je vais te demander de te représenter, les yeux fermés, une chose quelconque, puis d’y faire les additions que je t’indiquerai ; et tu me diras si tu y réussis, si la transformation est nette, et

  1. La définition du phénomène volontaire que donne la psychologie n’a rien de commun avec la définition juridique et sociale.